L’annonce de la réalisation d’Anastasia par la Fox a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Vu le résultat, on ne peut qu’applaudir et souhaiter plein de petits frères cinématographiques à la belle Anastasia. La plupart des artistes qui ont travaillé sur ce film ont fait les beaux jours de la maison Disney, à commencer par les deux réalisateurs Don Bluth et Gary Goldman (Ils ont travaillé entre autres sur Peter et Elliot le dragon).
On ne s’étonnera donc pas que ce film ressemble en de nombreux points à une production de l’oncle Walt… Signe incontestable de qualité mais peut-être aussi son seul défaut, car on pouvait espérer un film qui se démarque plus de ses illustres aînés. Cendrillon et La belle au bois dormant ne sont finalement que les cousines éloignées d’Anastasia.
L’histoire : une jeune princesse russe, fille du tsar Nicolas II, vit des jours heureux. C’est à l’occasion d’une grandiose réception dont personne ne peut deviner qu’elle sera la dernière du genre, que le diabolique Raspoutine jette un sort sur la famille royale. Une terrible révolution embrase le pays, obligeant les Romanov à fuir.
10 ans plus tard, alors que les membres de la famille royale ont disparu à l’exception de l’impératrice Marie, une rumeur persistante se propage : la fille cadette de l’empereur serait, paraît-il, encore en vie.
C’est à ce moment qu’Anya, une jeune fille amnésique de 18 ans quitte son orphelinat pour partir sur les traces de son passé…
Anastasia évoque tour à tour la chute de la dynastie des Romanov, les années noires de la Révolution russe, mais aussi le Paris des années folles, avec bien sûr une belle romance à la clé et beaucoup d’humour. On découvre des personnages comme Dimitri l’escroc amoureux, l’odieux Raspoutine, Vladimir l’aristocrate déchu, Marie la grand-mère esseulée, ou encore Bartok la chauve-souris… et surtout Anya-Anastasia.
De rebondissement en rebondissement, le spectateur assiste avec bonheur et ravissement au véritable parcours du combattant de la jeune fille pour retrouver les siens.
Anastasia est une réussite à tous les niveaux. Les dessins sont d’une indéniable qualité graphique contrairement à cet immonde Hercule dont les images de synthèse étaient d’une laideur confondante. Ici, le mélange de dessin traditionnel et d’animation numérique donne au film une ampleur et des images d’une réelle splendeur. Autre atout majeur, l’utilisation d’un format que le dessin animé à quelques rares exceptions près a négligé : le cinémascope. Les décors somptueux y trouvent une véritable profondeur.
Enfin, et peut-être surtout, on oublie très rapidement que les personnages ne sont pas de chair et de sang. Chacun d’eux semble véritablement habité par son interprète et en particulier celui d’Anastasia. Meg Ryan, qui lui prête sa voix (dans la version originale) mais aussi son physique et sa démarche, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles… Sa performance mériterait franchement une récompense.
Petit détail pour terminer, sachez qu’au total, Anastasia a nécessité le travail de 350 personnes pour plus de 350 000 dessins, le tout en trois ans de travail.
Vous l’aurez compris, la Fox a mis les petits plats dans les grands pour son premier dessin animé, une initiative qui fait grincer des dents du coté de chez Disney. Non seulement la concurrence n’a jamais fait de mal à personne mais elle pourrait bien nous valoir dans les années à venir une plus grande richesse et une plus grande variété dans l’animation.
Anastasia est tout simplement l’un des plus beaux dessins animés vu depuis longtemps. Il n’est pas destiné aux seules gamines de moins de 15 ans… Chacun y trouvera son compte et se laissera emporter par la fougue de la belle princesse.