Après leurs exploits à base de web cams et de tartes aux pommes, Jason Biggs et ses compères se devaient de récidiver, ne serait-ce que pour faire exploser une nouvelle fois le box-office américain (mission d’ores et déjà accomplie). Mais alors qu’American pie, premier du nom, s’imposait en 99 comme l’un des fleurons débridés du teen movie, voire la matrice d’un genre en pleine mue, son sequel se rétame sur toute la ligne. Principale cause de cet échec : les comédiens. Deux ans auront en effet suffi à la petite troupe pour se gargariser de son triomphe, prendre la grosse tête et devenir insupportable : une attitude qui transpire sur l’écran, comme si chacun des acteurs était supra-conscient de son potentiel comique, de sa capacité à déclencher les rires du public. Cette espèce d’auto-satisfaction permanente souvent lisible sur les visages rend le moindre gag caduc et notre adhésion au film impossible. Les corps angoissés et complexés qui donnaient sa raison d’être au premier volet se sont transformés en odieuses machines à dollars, en pantins hyper-actifs mais sans âme.
Le scénario n’est pas là pour arranger les choses, s’appuyant sur un classique départ en vacances pour donner suite aux fantasmes et galipettes de nos ados en rut. Une fois ces derniers débarqués sur la plage, les situations peuvent se répéter à l’envi : quiproquos amoureux, coïts interrompus, flagrants délits embarrassants (main collée à la bite, voyeurisme intempestif, etc.). Si la recette a été éprouvée par son précurseur et ses suiveurs les plus talentueux (voir notamment Todd Philips et son sympathique Road trip), J. B. Rogers l’applique avec un tel manque de croyance et un tel systématisme graveleux que, hormis deux ou trois bonnes idées, le résultat s’avère particulièrement atterrant. Et pourtant, le cinéaste avait fait ses preuves il y a quelques mois seulement avec l’honorable Trop, c’est trop !, sorti en catimini cet été et dans lequel l’humour potache trouvait davantage matière à s’épanouir. Ici, c’est le bâclage éhonté et la démission sur tous les fronts qui semblent être de mise. Il faut dire qu’avec de pareilles têtes de con devant la caméra, la tâche de l’infortuné Rogers n’était pas évidente…