Devenu le comique le plus populaire du Royaume-Uni grâce à son émission télé Da Ali G show, Ali G a par la suite atteint la gloire internationale en servant de chauffeur à la madone dans le clip de Music… Facilement reconnaissable grâce à sa panoplie fluo et sa quincaillerie plaquée or, Ali a conquis le public par sa caricature des fans de gangsta rap qui se prennent pour des caïds en adoptant le look de bad boy de leur idoles. Mais le comique doit surtout sa réputation à son bagout légendaire et à la petite mythologie personnelle qu’il s’est créée (son sexe serait beaucoup plus long que la moyenne et lui permettrait d’attirer toutes les bimbos du quartier incapables de résister à l’appel de la bête). Pour ses premiers pas devant la caméra, Ali G a choisi de ne pas se prendre au sérieux et continue dans la veine parodique qui a fait son succès. Le film met littéralement en images le quotidien du comique tel qu’il l’a raconté dans son show. On retrouve donc Ali dans sa paisible bourgade de Staines au volant de sa Renault 5 customisée, prêt à effrayer toutes les vieilles du quartier.
Plutôt réussi quand il décrit la différence entre les fantasmes d’Ali qui se verrait bien en Tupac et sa vraie vie, très éloignée des guérillas sanglantes de South Central, le film devient nettement plus poussif lorsqu’il s’agit de raconter une histoire. Car les scénaristes ont imaginé rien moins qu’une carrière politique au grand défenseur des bienfaits de la marijuana et de la baise à go-go. Propulsé Premier ministre, Ali G transforme son pays en royaume de toutes les libertés redéfinissant à sa manière les priorités nationales. Malgré le charisme clownesque d’Ali et la vulgarité assumée de sa tchatche, les gags sont dans l’ensemble plus gras que drôles. Comme si la transposition au cinéma nécessitait de pousser plus loin le bouchon, Ali G ne cesse de surenchérir dans les blagues cul jusqu’à l’écoeurement. Une pochade sympa mais sans grand intérêt.