Ab fab version française ? Baye et Balasko dans les rôles de Patsy et Edina ? Gabriel Aghion aux commandes de l’ensemble ? Dès l’annonce de sa mise en chantier, Absolument fabuleux s’annonçait comme une imposture. Impossible en effet de prétendre à un équivalent hexagonal du feuilleton culte britannique ou de rivaliser avec les performances hors normes de Jennifer Saunders et Joanna Lumley. Surtout lorsque l’on sait que la réalisation est assurée par l’un des pires tâcherons de notre cinéma, l’indécrottable Gabriel Aghion, déjà responsable d’un Libertin et d’un Pédale douce de sinistre mémoire.
Le résultat est encore plus affligeant que prévu, ce qui, étrangement, donne à l’objet une certaine saveur débilitante. Comme boostés par l’absurdité de leur projet, Aghion et ses comparses en rajoutent dans le fourre-tout de mauvais goût, le n’importe quoi visuel et l’humour bas de gamme. Absolument fabuleux, c’est, en gros, 1h40 d’idées de cinéma grotesques telles que sortir Chantal Goya du placard, lui faire interpréter un remix dance de Bécassine et la relooker pour le coup en Jean-Paul Gaultier. Un JPG qui s’impose justement comme LA star du film, sa caution à la fois queer et beauf, l’idole inaccessible de nos héroïnes accros au champagne et à la coke. Le guest starring, le name dropping, c’est encore ce que le film cultive le mieux, s’enorgueillissant des apparitions éclairs et inutiles de Catherine Deneuve, Stéphane Bern ou encore Jennifer Saunders elle-même, dont la ferveur à défendre ce naufrage a de quoi intriguer. Bloqué sur TF1, les paillettes, le luxe et la haute-couture, Aghion se gargarise de kitsch avec une sorte de gloutonnerie forcée, dont les excès assurent malgré tout quelques sourires honteux : costumes et décors extravagants au possible, actrices en roue libre (surtout Balasko), avalanche de couleurs criardes, éloge permanent du ringard. Contrairement à son modèle, Absolument fabuleux tire sa relative efficacité de son emballage et jamais de son écriture (dialogues archi-nuls, scénario bâclé, idylle Marie Gillain / Vincent Elbaz totalement à côté de la plaque). Dire que l’on perd au change est un doux euphémisme…