Le film d’horreur zédouillant made in France est un genre qui ne se porte pas trop mal, livrant de temps à autre une surprise (Ils l’an dernier) au milieu de la nuée de nanars qui en forment le tronc (on se souvient de Requiem et autre Maléfique). Surprise : le premier film de Julien Maury et Alexandre Bustillo est probablement l’oeuvre la plus encourageante de cette durable vaguelette.
De cette histoire de lutte à mort entre une femme et le mystérieux ange noir (Béatrice Dalle) qui, au cours d’une nuit de réveillon de Noël, tente de lui arracher le bébé qu’elle porte, on retiendra moins le surrégime gore que l’honnêteté et la modestie de son déroulé. Malgré des scories de jeunesse (naïves références au Voyeur : Béatrice Dalle photographie tout ce qui bouge), A l’intérieur vaut surtout pour l’extrême fluidité de sa mise en tension. Surtout, le suspense en huis clos, la rectitude des enchaînements, la folie qui s’empare peu à peu du film ne doivent rien au théâtre filmé tant redouté – ce qui rend le film infiniment plus attachant que le récent Bug de Friedkin par exemple -, mais au tranquille déploiement d’un cinéma de terreur aux bases plutôt solides. Et l’amour du genre qui est en jeu ici, entrecroisant une multitude de références (Béatrice Dalle en tueuse de giallo, idée graphique sympathique), ne parasite à aucun instant la structure minimaliste de l’ensemble. Le film tient en outre le pari, pour le moins admirable, de trouver dans son cadre bien français, au cœur d’une banlieue anonyme, la scène d’une terreur tout à fait crédible.
Et si la recette fonctionne à partir de procédés aux limites du simplisme – cette fâcheuse tendance à laisser le réalisme se faire déborder par un psychologisme parfois bouffon, qui peut virer à tout instant au ridicule – la qualité de fond (interprétation, effets spéciaux, direction artistique) rappelle combien il suffit de peu de choses pour que roule ce genre de cinéma sans autre ambition que celle de remuer le spectateur. C’est l’école Alexandre Aja (La Colline a des yeux) plutôt que celle des Gans et autres enjoliveurs à la Siri : aller droit au but, ne pas trop se la jouer, cogner là où ça fait mal. Pas le Pérou, mais les bases sont là.