On le sait : quand l’Amérique se prend d’intérêt pour un patrimoine culturel étranger (ici la légende japonaise et séminale des 47 rônins), c’est invariablement à la gloire du melting-pot. Lequel tient ici à l’addition d’un seul acteur américain au milieu d’une distribution entièrement nippone, sommée bien sûr de parler anglais. Le choix de Keanu Reeves est ici assez judicieux : son jeu est suffisamment impassible pour ne pas dépareiller un film de samouraï, quand ses traits à la fois virils et féminins en font un Japonais d’adoption assez convainquant.
Elevé par des démons après avoir été abandonné dans la forêt, il est recueilli adolescent par un seigneur qui l’élève comme son fils. Pour le reste, l’histoire est connue (de tous les Japonais). Trahi par la machination de son rival, le seigneur est condamné à mort par le Shogun. Ses samouraïs destitués au rang de rônins, des errants sans maître, n’auront de repos avant de venger le leur, au prix d’un seppuku collectif. Cités depuis en exemple pour leur honneur sans faille dans le plus pur respect de l’ancien Bushido, ils sont aujourd’hui vénérés par la nation toute entière et rapportent en tourisme intérieur beaucoup plus que 47 Ronin sur le sol américain.
Revue par Hollywood, leur réussite n’aurait cependant lieu d’être sans l’aide providentielle du « sang-mêlé » ajouté à la légende originelle, lequel, bonne poire, ira même jusqu’à partager leur sacrifice. S’ils y mettent d’abord de la mauvaise volonté, les samouraïs déchus (échaudés peut-être par la précédente venue de Tom Cruise sur leurs terres, un grand acteur pourtant) finiront par accepter l’aide bienvenue d’un Américain encore mû par le super-logiciel de la Matrice.
C’est con comme tout, académique et spectaculaire tout ensemble, malgré des effets-spéciaux gonflés in extremis en 3D pour un effet calamiteux de cinématique bâclée qui flirte avec le nanar. On sent bien que le cinéaste, dont c’est le premier long après une poignée de courts-métrages, tente ici où là de sauver les meubles, pour ménager en définitive un salon Ikea déjà vu mille fois ailleurs. Ses plans d’ensemble ont la joliesse costumière que l’on attend d’un tel film, les voiles y font de superbes volutes et les scènes de combat s’effondrent dans le brouillon malvoyant de ce qui semble un remontage à la truelle. C’est triste, mais pas très grave non plus.
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