Il serait faux de considérer 1001 pattes comme la dernière production Disney. Évidemment le studio américain finance le film, mais il n’est en aucun cas responsable de sa production. Est-ce pour cela que ce film se situe bien au-dessus de la moyenne des dernières productions du studio ? Sûrement, car 1001 pattes est un film de Pixar, soit la société la plus cotée dans le domaine de l’animation en images de synthèse.
Mais outre la technique, il y a chez Pixar un vrai réalisateur de film d’animation : John Lasseter, pionnier dont l’histoire retiendra assurément le nom pour avoir réalisé le premier long-métrage en image de synthèse, Toy Story. C’est donc la même équipe qui est réunie ici autour d’une fourmilière en proie au racket de sauterelles belliqueuses : une jeune fourmi gaffeuse est plus ou moins exilée de la colonie afin de trouver de l’aide dans le vaste monde pour détruire les sauterelles. En fait de guerriers, elle tombera sur une troupe d’artiste de cirque. Le quiproquo est mutuel, les artistes pensant être engagés pour distraire la fourmilière.
On ne peut voir 1001 pattes sans penser à Fourmiz, sorti voici quelques mois. Les deux films sont très proches par leur sujet (l’individualisme au sein d’une communauté) et leur forme (les images de synthèse), mais il subsiste quand même quelques différences notoires. Tout d’abord, il y avait dans Fourmiz la présence vocale de Woody Allen en tête de casting, ce qui est en-soi un parti pris bien particulier. De plus, il y avait chez Dreamworks l’ambition de faire un film adulte : on pouvait voir dans le conflit interne des fourmis une remise en cause d’un système politique. Dans 1001 pattes, pas question de parler d’une quelconque lutte sociale, il y a bien le thème de l’individualité, mais il est bien moins poussé que dans Fourmiz. Pixar s’est contenté de faire dans le spectaculaire et le divertissement, financement Disney oblige. D’autre part la grande différence qui existe entre les deux films est la technique. Il est clair que les ingénieurs de Pixar sont à la pointe de ce que l’on peut voir actuellement, mais leurs fourmis sont moins expressives que dans Fourmiz (le design du film est beaucoup plus cartoon), tandis que leurs mouvements sont bien plus fluides. Les textures aussi sont criantes de vérité (les sols de gravier notamment), et voir les carapaces de sauterelles se mettre en marche est un spectacle impressionnant. Malgré cela ont peut regretter que 1001 pattes soit plus creux que son prédécesseur, qu’il soit encore trop Disney : 1001 pattes est révolutionnaire dans sa réalisation, mais se contente d’être simplement un excellent produit familial.