10 bonnes raisons de te larguer : « adaptation college-teen de La Mégère apprivoisée ». Cette affirmation particulièrement énigmatique du dossier de presse ne laisse pas de surprendre. A la vue du film, n’ayant pas su déceler la finesse de l’allusion, on s’interroge : avaient-ils une version reader’s-digest de la pièce, un plan marketing en béton armé, ou un scénariste de 11 ans et demi ? Le réalisateur, grand professionnel de la série télé américaine pour ado, nous en aligne une heure trente-sept. Autant dire qu’il prêche pour sa chapelle : du clip musical niais, truffé de ralentis inutiles et de gros plans sur des dentitions parfaites, bref une bonne tranche d’insipidité permanentée qui fait office de prosélytisme télévisuel. S’il n’y a pas de différence entre BeverlyWatch et ce qui se projette dans les salles obscures, à quoi bon quitter sa maison ? Franchement, on s’étonne de ne pas avoir de télécommande à la main. Le côté pénible c’est qu’il faut se taper le film.
Pour l’histoire : dans un monde de jeunes premiers, au collège des blondes et des musclés : deux sœurs. Une loi familiale veut que si la grande (unpopular, rebellious, boy-hating) ne sort pas avec un garçon, la cadette (popular, pretty) reste a casa. Un prétendant pauvre (gentil, belle mèche, 12 ans) se débrouille pour que son rival, le prétendant riche (arrogant, cacou en merco rouge), soudoie un gars rebelle (look shampouineur boucles mi-longues) pour qu’il sorte avec la unpopular-rebellious- boy-hating, afin qu’il ait le champ libre, rapport à popular-pretty. Evidemment, ça marche à la fin, malgré absolument aucune résistance de personne, ce qui n’a d’ailleurs pas le moindre intérêt. On s’arrête là pour l’inspiration shakespearienne. Et pour preuve cet extrait dialogué (entre les sœurs, la scène torride du film) :
– Tu l’as fait ?
– Ben…
– Et comment que ça se fait que tu ne m’en ai pas parlé à moi ta sœur ?
– Ben…
– Sors de ma chambre immédiatement !
– Alors toi, pfff…
S’ensuit une amorce de longue dépression immédiatement avortée par un gros câlin à nounours. Bref, le nanar prépubère de l’été pour ados mal renseignés sur les voies d’accès à l’information. Un navet qui aidera le timide à embrasser sa petite amie de 13 ans… Et s’il s’agissait d’un des derniers rites d’initiation de nos sociétés occidentales ? Certainement pas d’un film.