Suite de l’adaptation « shônenisée » de l’oeuvre d’Eiji Yoshikawa par Takehiko Inoué, les aventures « plus ou moins » biographiques du vagabond Takezo Shinmen se poursuivent et confirment tout le bien qu’on pouvait penser du dernier manga de l’auteur de Slam dunk.
Non content de s’être mis à dos l’acariâtre môman de son ex-compagnon de route, Takezo a, cette fois, toute la population de son village natal à ses trousses. C’est un moine caustique et pétomane (!) qui parviendra à le piéger et à le suspendre à une branche d’arbre jusqu’à ce qu’il meure d’épuisement et d’inanition. Pas de chance, Takezo refuse obstinément de passer l’arme à gauche, malgré les railleries et les insultes de sa vieille ennemie.
Plus cérébral que l’opus précédent, ce deuxième tome s’intéresse davantage aux traumatismes d’un Takezo en mal d’Oedipe, et de sa relation ambiguë avec le bonze Takuan -ami ou ennemi ? Sans doute un peu des deux- qui s’acharne sur le héros de l’histoire, sans qu’on puisse vraiment deviner s’il veut l’éprouver ou le détruire. Ce moine iconoclaste et peu avare de ses flatulences est sans doute l’apport le plus intéressant de ce deuxième chapitre de Vagabond. Provoquant sans vergogne les samouraï de pacotille et oubliant le minimum syndical des bonnes manières en présence d’une jeune fille, ce Takuan est un personnage quasi-rabelaisien qui prend l’idéal contre-pied de Takezo, rônin cuisiné boy’s band, sauvage, rebel-rebel et torturé.
Dommage que pour le coup, Tonkam ait complètement massacré l’adaptation de ce nouvel opus. Ce Vagabond tome 2 est un peu l’exact opposé du Kamikaze tome 1 que nous chroniquons de concert… Un excellent manga, desservi par une édition flemmarde… Exit les pages en couleur, bonjour le massicotage à la serpette ! La plupart des textes en bord de page sont irrémédiablement amputés, ce qui ne facilite pas vraiment la lecture, à moins d’être amateur de devinettes… D’autant plus surprenant que le premier tome était quasiment exempt de ce genre de reproches. On souhaite que Tonkam se reprenne rapidement et nous livre un troisième tome plus conforme à ce qu’on attend d’un tel éditeur.