Le XXIe siècle sera cubain ou ne sera pas. Arleston et Labrosse définissent ainsi la nouvelle donne économique et situent le nerf de la guerre dans la bonne vieille capitale du cigare. Le paradoxe est amusant et la force du scénario nous plonge tout naturellement dans cet univers. 2082, la fin du siècle approche et les multinationales ont gagné du terrain. Le centre-ville n’est plus qu’un vieux souvenir perdu dans un labyrinthe de buildings aseptisés qui ne cessent de pousser comme des champignons. Seules quelques affiches collées au mur et vantant le tabac de La Havane symbolisent les richesses des siècles passés. Tel un rouleau compresseur, une gigantesque « métanationale » du nom de DWC distribue les dollars, fait grimper les enchères et se charge d’évincer les concurrents trop gourmands. A sa tête, Nathan Doloniac, réfugié dans un bunker réputé imprenable, s’entoure d’une véritable armée de gardes du corps. Il sait que ses jours sont comptés, mais ne se doute pas que sa fin est imminente. En l’espace de quelques minutes, Doloniac et ses héritiers potentiels sont éliminés de la surface de la planète. Seule, une dénommée Moréa, vague petite-nièce du multimilliardaire, échappe au carnage. Cette seconde naissance la fait basculer dans une autre dimension. Désormais, elle est immortelle et appartient à une autre caste. Propulsée grande prêtresse de l’empire DWC, elle sait que sa tête est mise à prix et qu’elle ne devra plus compter que sur elle-même.
Tous les ingrédients d’une bonne saga sont réunis dans ce nouveau thriller fantastique qui ne manque ni de souffle, ni d’originalité. La pulpeuse et pétillante Moréa n’est pas seulement une belle plante aux formes généreuses. Son destin dépend également de sa sagacité. Elle est le jouet d’une lutte sans merci entre des anges destructeurs et sans pitié et des dragons idéalistes et pacifistes qui s’opposent sur le devenir de l’humanité. Labrosse a su s’adapter à l’imagination délirante et à la précision du scénario d’Arleston. Le trait nerveux et élégant renforce le suspens et l’impression de fluidité déjà présente dans l’intrigue. Les scènes de combats et de poursuites rivalisent de réalisme. Accompagnée de son chevalier-dragon, Moréa l’immortelle nous réserve bien des surprises. Le Sang des anges n’a pas fini de couler.