Ne pas se fier à la couverture bardée d’éphèbes torse-poil, Rookies n’est pas un Yaoi viril surgonflé à l’hormone mâle. Plutôt un mix 50/50, entre GTO et Slam dunk -remplacez le basket par le base-ball et le compte y est. Même si Rookies ne lésine pas sur l’aspect sportif -ah, les matchs amicaux d’un sport auquel on ne comprend rien qui s’étalent sur 3-4 tomes !-, le rapprochement avec les mésaventures du « great teacher » s’impose tout de même un peu plus. Même background -élèves en difficulté, du loubard à l' »ijime » persécuté-, situations récurrentes, Kawato, le prof sympa et attentif de Rookies, est une sorte de double « light » d’Onizuka. Et bien que Masanori Morita ait un style bien plus personnel et bien plus léché que celui de Tôru Fujisawa, on ne peut s’empêcher de lui préférer l’aspect brouillon et politiquement incorrect de GTO.
Parce qu’on a beau tenter de résister au cynisme-je-m’en-foutisme ambiant, il faut bien avouer que Kawato est méga-nunuche. Il a bien parfois une vilaine tendance à abuser du wamashi-geri dans la face -en particulier contre les profs cons-cons et insensibles aux problèmes de la jeunesse contemporaine… Mais ces quelques écarts de conduite exceptés, le « nice-teacher » propret use et abuse du sermon gentil-niais du genre « il faut poursuivre ses rêves », « l’esprit d’équipe, c’est sympa », etc. Rien à voir avec ce « puceau-pervers » thuriféraire de la petite culotte lolycéenne d’Onizuka. Kawato a une morale, qui a parfois du mal à passer auprès des éléments les plus perturbateurs du lycée -tout de même, le réalisme est sauf ! Ce qui le distingue du prof japonais moyen, plus préoccupé par les performances scolaires que par les problèmes pubertaires de ses élèves. Entre Le Cercle des poètes disparus et Gaston Lagaffe, Kawato manque un peu de personnalité. C’est un idéal de prof pour écoliers nippons. En replaçant les débordements mélo dans leur contexte, on supporte donc plus aisément la cucuterie béate de l’ensemble. Mais si le fonctionnement quotidien de la société japonaise vous interpelle, et si le base-ball ne vous fait ni chaud ni froid, optez plutôt pour GTO, plus drôle, plus extrême, plus incorrect. Plus recommandable et accessible, finalement.