Une île paradisiaque. Des amazones et des orchidées. Un milliardaire florissant. La guerre froide. Tout ceci pour un âge d’or bien révolu ? Cet album a, en effet, un petit goût de nostalgie. Basé sur une intrigue d’espionnage cousue de fil blanc, comme dans une savoureuse série B (Dionnet les apprécie). Certes, ce n’est pas toujours très palpitant, mais le récit n’est ici que la partition composée sur mesure pour qu’un virtuose puisse pleinement s’exprimer. Et le virtuose, c’est Denis Sire.
Volontiers baroque, toujours moderniste, il brasse les influences graphiques, marchant en permanence sur le fil qui sépare le dessin de l’illustration. Tout en restant visible et expressif, son trait est couleurs. Et quelles couleurs ! D’un feu d’artifices au-dessus de la place rouge à la végétation luxuriante de l’île, il est difficile de ne pas s’ébahir. Ses personnages peuvent évoquer des illustrateurs américains, quelque part entre Norman Rockwell et Gil Elvgren. La scène de course automobile nous renvoie ainsi à une affiche de grand prix… d’élégance ! Quant aux plantureuses amazones, leur costume art-déco nous rappelle plus Erté que Barbarella. Ce qui est tout de même plus glamour.
Alors, on pourra certainement reprocher à Denis Sire les excès machistes de quelques compositions, mais ne boudons pas notre plaisir : ce sont les fêtes, et un beau livre d’images pour les grands, c’est une idée.
Pascal Salamito