Après les Trésors de la Bande Dessinée, plus connu sous l’appelation ésotérique de BDM, voici La signature dans la Bande Dessinée, qui aura pour nom de code CEJ, toujours pour les initiales des auteurs. Ce nouveau catalogue complète son aîné dans la mesure où il ne recense que les productions signées par leur créateur : ex-libris, marque-pages, tirages limités, portfolios et autres objets issus de la BD et ses à-côtés. Cet ouvrage marque d’une certaine façon la reconnaissance de la collectionnite bédéphilique (pas tant par ceux qui en sont atteints -toutes « franges » confondues leur compte en banque leur a déjà signalé la gravité du mal) mais plutôt par le reste des collectionneurs et tous ceux qui gravitent autour du bouquiniste ou du commissaire-priseur.
Ce volume est-il alors accessible aux non-initiés ? Il s’efforce de l’être : les dimensions de chaque article sont clairement indiquées, le dessin reproduit est décrit, la provenance et la date de parution de chacun sont clairement indiquées. Le tout étant assez aéré. On peut ouvrir le CEJ sans être effrayé. Cependant, la mention « Dessinateur » en face du nom de chaque artiste n’est pas véritablement utile. De plus, la juxtaposition de l’année de parution et du numéro de l’album -ce, bien sûr, dans le cas d’une série- est loin d’être heureuse, car le titre du volume bien isolé pourrait être suffisant. Enfin, lorsque l’on aborde la section « Objets », où l’on peut trouver un peu de tout, les descriptions sont parfois assez peu évocatrices pour le simple curieux, le nom de l’objet étant parfois assez sybillin. Pour pleinement comprendre à quoi ressemble un des objets décrits, il faut en fait bien lire l’article le concernant jusqu’au bout, la rubrique « Particularités » étant souvent la plus riche en informations réellement intéressantes.
Mais l’on peut aussi feuilleter ce volume sans arrière-pensée mercantile et s’apercevoir que, plus particulièrement en ce qui concerne les ex-libris, les librairies qui font preuve d’initiative et de dynamisme sont toujours un peu les mêmes, leur production mettant souvent en avant une même bande d’auteurs (ainsi la librairie Super-Héros et L’Association). On note aussi que la production de certains auteurs peut s’étaler sur plus de trois pages dans la partie « Ex-libris » : Francq et Largo Winch, Berthet et sa Pin-up, Hermann et Jérémiah ou encore Renaud et sa Jessica Blandy dont les différentes poses (assise, debout ou bien couchée, mais toujours nue sur un lit) semblent révéler tout à la fois le manque d’imagination de certains créateurs et les obsessions récurrentes de leurs lecteurs, revers de la médaillie de la popularité pour bien des séries.
En fin de compte le plus (dés-)agréable, ce sont encore ces frustrations que l’on ressent à chaque fois que l’on découvre l’existence d’une pièce sans laquelle sa collection semble vraiment incomplète. Alors indisprensable le CEJ ? Pas encore, mais d’ores et déjà utile.
Pascal Salamito