Un ancien GO du Club Med ne peut plus voir sa belle famille en peinture. Mais au fond, il l’aime bien quand même. Pareil pour la dite belle famille, wanabee bourgeois vivant de rapines dans une barre HLM de Créteil. Dix ans après, ils s’embrassent façon grande famille qui a pansé ses plaies. Apparus au cinéma par l’opération du Saint Esprit, Eric Toledano et Olivier Nakache (Nos jours heureux) occupent le créneau du sympa vaguement nostalgique, décliné en clips faiblards. Une mise en scène à mi-chemin entre Jean Marie Bigard (les affres de la vie quotidienne, entre corvée d’Ikéa et courses du samedi matin chez Franprix) et Alerte à Malibu, pour les séquences musicales de secours quand l’intrigue n’avance plus. Finalement, la méthode est imparable en termes de constance. Pas de déception en perspective, puisque le film la joue modeste d’un bout à l’autre, et, flippé par la moindre difficulté, s’en remet très vite à un survol de clichés sociétaux.
Il faut reconnaître au gentil tandem une conscience aigue de leurs propres limites. Dès l’exposition (- un repas de famille qui tourne mal, hyper mal filmé – l’hypothèse d’une comédie grinçante et pêchue est réduite à néant. Pas de rythme, pas de tension, juste un bout à bout de scènes plein de dialogues pauvres, de situations grotesques et de numéros d’acteurs riquiqui. Le film préfère alors empiler les personnages, se replie dans la caricature BD (Jean Benguigui, ses polos derrickiens et ses perruques), les bons sentiments (trauma d’enfance, amour plus fort que tout, complicité père-fils), un universalisme parfaitement inoffensif. A ce jeu de la lose molle, du renoncement exempté de cynisme, Tellement proches s’en tire sans les honneurs mais correctement, vainqueur par défaut puisque supportable. Il devient au pire, un film pour rien, au mieux un film d’acteurs. Elbaz, toujours bon en nullard sympathique, Demaison pas mal en frimeur pathétique, Isabelle Carré fait le boulot (compagne consternée d’Elbaz). Chacun a sa scène, son trait de caractère, dupliqué à intervalles réguliers – c’est un film choral. Logique, c’est un film de famille. L’hystérique, le noir intelligent affecté par le racisme ordinaire, le glandeur qui rit et qui pleure, l’avocat minable qui gagne en humanité en dealant des grilles pains dans la cour de sa cité… Le finale, grand moment de lyrisme à la Patrick Sébastien (applaudissement, spéciale dédicace – « t’es génial Papa », larmes et grosse musique) rappelle la balourdise de l’ensemble, une balourdise standard, typique d’un divertissement franchouillard des années 2000, sans repère, sans certitude, mais pour le coup, sans conséquence.