Puisque vous allez jouer, fast-fooder, écrire ou téléphoner jurassique pendant des semaines (quelque cinquante licences comptabilisées dans le dossier de presse…), on essaiera ici de parler seulement cinéma, si c’est encore possible. Mais ce sera bref. Pas grand-chose à dire, en effet, du scénario de ce deuxième volet, aussi virtuel que l’original : décidément, les crichtoneries n’inspirent guère le pourtant assez habile David Koepp (Bad influence de Curtis Hanson, Carlito’s way et Mission : impossible, de Brian de Palma). Seule surprise, mais réelle : un ton, une atmosphère sensiblement plus noirs (sinon glauques) que dans l’épisode précédent -les petites bêtes s’en donnent enfin à coeur joie, ça saigne, ça meurt, ça décapite… tout cela n’étant d’ailleurs pas, peut-être, pour plaire au grand public américain, qui a réservé un accueil un peu tiède à ce Monde perdu (ça nous promet un numéro 3 forcément revu à la baisse !).
Derrière la caméra, Spielberg assure le service minimum (une deuxième équipe plutôt efficace, donc), nous offrant néanmoins un morceau de bravoure -la destruction de la caravane- digne de ses plus grandes heures. On aimerait garder un silence poli sur certains éléments du cast (Ah, Harrison…), mais celui-ci confirme, s’il le fallait, que même ce genre de film ne pourrait se passer de comédiens dignes de ce nom : à cet égard, la flamboyante Julianne Moore (inoubliable héroïne du dernier Malle/Tchékhov, Vanya 42e rue) remplace avantageusement la tête à claques de Laura Dern, qu’on aurait pris un certain plaisir à voir croquer par un petit T-rex.
L’essentiel, au sens littéral, de cette saga, subsiste donc dans ses effets spéciaux : à la différence près qu’ils assurent, aujourd’hui, le spectacle à eux seuls. E-pous-tou-flants ! Les plus dubitatifs (dont j’étais, il y a quatre ans) devraient y prendre un vrai plaisir d’enfant, ce qui n’est pas le moindre tour de force de cette machinerie hollywoodienne bien calibrée et finalement assez jubilatoire, ne le cachons pas.