Un écrivain franco-italien en mal d’inspiration retourne à Turin pour y régler les obsèques de son père, flamboyant chirurgien, homme à femmes et grand rouleur de mécaniques. Il y découvre ce qu’il pressentait depuis longtemps : papa était un sacré baiseur, omnipotent et tout, dont l’égoïsme l’écrabouillait en sourdine (le complexe de la page blanche, c’était donc ça), mais dans le fond, c’était un type bien. Il faut voir comment toutes ses ex-femmes pleurent sa mort : ex-danseuse acariâtre, bimbo au grand cœur, ex-militante communiste se crêpent le chignon puis versent leur larmichette devant le cercueil en gros plan. Car Made in Italy est un film sur l’identité bigarrée, la réconciliation familiale, l’hommage au cinéma popu qu’on adore (devinez quoi, la comédie italienne des années 70). Ettore, si tu nous regardes…
Hélas, Stéphane Giusti, spécialiste des discutes en bandes avec messages sociétaux (Pourquoi pas moi) et de grandes sagas dégoulinantes de pathos (Bella ciao) n’en fait pas un film, mais un bout à bout d’intentions mammouthesques. 1h26 de pitch sans fond où le cabotinage, faussement gourmand, s’offre en kit de survie. En ce sens, la première demi heure, récréative, fait le tour du propriétaire, lâche quelques bonnes vannes, se délecte des rues turinoises, de l’assemblage des personnages – Caterina Murino, notamment, filmée comme une dinde appétissante. Et puis le néant se fait plus palpable, dévoilant à chaque plan le mauvais vaudeville qui guettait depuis l’ouverture. Tout n’est alors qu’hystérie préfabriquée, traumas en papier crépon, décorum clinquant, comme une émission berlusconienne avec une ironie affectueuse. Prisonnier complaisant du tout affectif, Giusti ne trie rien : le pathétique, il trouve ça rigolo, le formaté lui tire les larmes, la monstruosité ne dure toujours qu’un temps – celui d’une explication psychologique de bazar. Comme on n’a rien de mieux à faire, on regarde les acteurs gesticuler gaiement. On les connaît tous par coeur, à l’exception de Caterina Murino, drôle de bombe latine dont le visage traduit autant le désir maternel que l’espièglerie enfantine. Une Pénélope Cruz en dix fois mieux.