Le début est prometteur, moins par le scénario rudimentaire qui tente péniblement de s’y déplier (une jeune femme a des visions étranges) que par l’atmosphère qui s’en dégage immédiatement. Les grands décors de l’Ouest américain, un trajet nocturne en voiture, une pause colorée dans une fête foraine perdue dans la cambrousse environnante et tout semble s’enclencher comme dans un rêve. A cet instant, la mise en scène à la fois sèche et onirique de l’inconnu Asif Kapadia évoquerait presque le meilleur Tobe Hooper. La fin, par contre, est épouvantable : comme sortis d’une pochette-surprise, mille thèmes horrifiques rongés jusqu’à l’os (le déjà-vu, le retour des fantômes, le délire psychanalytique) y explosent en un mélange qui ferait limite passer Jaime Balaguero pour un grand maître du fantastique. Comment passer par deux états aussi éloignés ? Lla faute, a priori, à une intrigue trouée de part en part et réduite, semble-t-il, à un évident combat entre idées personnelles et volonté de s’en remettre aux canons de la petite série B formatée que le film garde continuellement en horizon.
Le résultat est hautement instable, mais vaut néanmoins par un second tiers (avant que tout ne s’écroule en un schmilblick illisible et soporifique) assez surprenant. Sarah Michelle Gellar, revenue de Buffy, y campe une VRP en produits agricoles parcourant l’Ouest des Etats-Unis et la description presque documentaire de son parcours, les nuances mises dans chaque détail (notamment la belle scène de pause dans la maison paternelle ou la rencontre avec un étrange texan mi-bouseux mi-bellâtre), donnent au film un charme entêtant. Ce souffle trouvé, porté par le jeu assez subtil de la comédienne, donne un petit goût de reviens-y à cet ensemble que les intrusions fantastiques (déjà) mettent pourtant en péril à la moindre occasion. Est-ce la raison pour laquelle The Return est survendu comme un simple thriller psychanalytique, et non sur son aspect résolument gore et fantastique ? La parade n’est pas forcément si grossière, et pourrait faire passer la petite chose horrifique pour un road-movie mental au magnétisme persistant.