28 jours plus tard avait remis Danny Boyle en selle, mais sans lui garantir un come-back hollywoodien en grandes pompes. Entre maniérisme forain (Millions) et résignation à la série B pailletée (Sunshine), son cinéma suscite une frustration latente, sorte de mégalomanie contrariée par une humilité de circonstance. 28 semaines plus tard enfonce le paradoxe jusqu’à la mauvaise caricature. Suite marketée au possible et suintant d’ambitions, mêlant hommages post-modernes à Romero et narration grandiloquente, le film est surtout le reflet inversé du grand film énergique et virtuose qu’il ne sera jamais. Boyle a toujours eu en lui cette part de fumisterie, sentiment tenace qu’au fil du temps, le cinéaste porte en lui quelque chose mais qu’il n’en fait rien ou presque sinon à jacasser un semblant d’autosatisfaction. 28 semaines, c’est exactement ça : la marchandisation d’un concept déjà bancal privé de son propre auteur, Boyle se contentant ici de produire.
28 semaines plus tard, les humanoïdes cannibales de 28 jours meurent de faim. L’armée américaine quadrille la Grande-Bretagne, recensent une poignée de survivants et les entassent dans un quartier sécurisé de Londres qu’ils scrutent au Famas à lunette (on le voit bien le filigrane là ?). Parmi eux, Robert Carlyle qui culpabilise d’avoir abandonné sa femme aux mains des zombies pour sauver sa peau, il y a quelques mois, semaines, années, on ne sait plus. Bref, ses deux enfants la retrouvent les bras chargés de morsures mais sans une once de pulsion cannibale. Comme Carlyle a un pass multizones, il retrouve sa dulcinée dans les locaux de l’armée, l’embrasse imprudemment. Erreur : elle est immunisée, lui non, rebelotte. Dépassés, les ricains enclenchent le code rouge, soit le permis de zigouiller infectés et survivants jusqu’au dernier. Les enfants de Carlyle sauvent leur peau en compagnie de deux soldats dissidents, le slasher commence, voilà.
Un mot sur l’espagnol Juan Carlos Fresnadillo (Intacto) aux commandes de cet ersatz. La seule récurrence envoûtante des 28 tient dans sa mise en place, ses beaux panoramiques sur un Londres en plein chaos, vaste terrain de jeu alléchant. Le reste part à vau-l’eau. Le mélo ? Ridicule de sérieux et de cabotinage. Le film n’est jamais bouleversant, beaucoup trop série B dans sa narration (les rebondissements frôlent le grotesque), beaucoup trop envieux d’en sortir. L’action ? Un maelström de chichis visuels ultra connotés mais inefficaces au possible, aucune grammaire sinon un vocabulaire touffu, alambiqué. Du fantastique espagnol new age quoi, plombé comme toujours par le sérieux, errant entre plusieurs identités, rapidement à cours de système. Pour lui, le passeport pour Hollywood n’est pas acquis.