Michel Boujenah fait des films, oui, et 3 amis est son deuxième long-métrage après Père et fils en 2003. Il a embauché deux des plus insupportables acteurs français du moment (Mathilde Seigner, Pascal Elbé) et leur a adjoint, pour former un trio, le prochain membre de ce club (Kad Merad). Pas de chance, ces trois-là sont « 3 amis », donc tout le temps fourrés ensemble : César (Elbé), Baptiste (Merad) et Claire (Seigner). Depuis l’école et depuis qu’ils sont grands. Jusqu’au jour où Baptiste se marie, et se fâche naturellement avec les deux autres. 93 minutes durant, les 3 amis vont se faire des papouilles, se tirer la tronche, se rabibocher, etc. – parce que l’amitié, c’est important.
Certes. Parlons du scénario puisque de mise en scène il n’y a pas, rien qu’un triste à-plat téléfilmesque, amorphe et chiant. Le titre du film hurle la sympatocherie. Le récit dégouline de gentillesse et même quand ces gens-là veulent faire du dur, du drame, du cruel, ils vendent imparablement la même mollesse, la même bravoure un peu canine, le même bon fond. C’est le côté « comédie dramatique » du film. Plaqué par sa femme, Baptiste a les boules et veut se foutre en l’air en se jetant du haut de son usine. Ses deux amis le rejoignent sur le toit, pour lui faire un câlin, sur l’air de « bah, on en quand même mieux entre copains ». Plutôt que de redescendre, ils restent tous les trois là-haut pour regarder le paysage : bah, c’est quand même bien, la vie. Boujenah filme le tout en plan aérien. Bah, c’est poétique.
Dans l’arrière-boutique du cinéma français de seconde zone, il ne se passe rien. Sinon la petite bise portée par des films rétrogrades, un brin démago, qui veulent plaire en chatouillant l’admiration molle envers des copains de cinéma qui 93 minutes durant joueront pour vous l’amitié, qui est un beau sentiment, qui est impérissable et vous protège souvent des vicissitudes de la vie, qui est parfois méchante. C’est sympa, c’est creux, c’est fastoche et ça peut rapporter gros.