La bourrinade la plus attendue de l’été. Inutile de s’attarder sur le cas Michael Bay (Pearl Harbor, Armageddon, The Island) réglé depuis longtemps, tant l’on sait les tenants et les aboutissants de son cinéma : de la pyrotechnie sans âme, pas raffinée pour deux sous, une jubilation de ganache pour la chose martiale, le tout saupoudré de grands élans de beauferie et de masturbation patriotique. Rien de bien excitant, c’est sûr. Avec Transformers, l’entertainer trouve un matériau à sa mesure : des robots géants venus de l’espace et capables de s’incarner dans le squelette de tutures et de navions se foutent sur la gueule dans les banlieues pavillonnaires d’une Amérique toujours en guerre. Programme régressif, certes, d’autant que les Transformers en question, nous les avons connus enfants, sous la forme de figurines malléables, transformables donc, qui vivaient de fantastiques aventures sur les moquettes où nous jouions à quatre pattes.
Remake warrior, XXL et gentiment couillon de Toy story, Transformers nous ramène à cet âge vroum vroum : votre voiture, là, c’est en fait un super robot venu de l’espace, et vous voilà pris, vous, pendant la récré, dans une aventure intergalactique où les spatio-robots vous glissent à l’oreille d’une voix de stentor sidérurgique que le sort de la galaxie ne repose que sur vos frêles épaules. Gros trip Goldorak, donc, vu à travers les yeux de deux ados relais, l’agile et prometteur Shia LaBeouf (le futur partenaire de Harrison Ford dans Indiana Jones 4) et une bonnasse de service (Megan Fox), filmée elle aussi comme une Transformers.
Certes, le poète Bay gâche pas mal ce fantasme enfantin par la bouillie visuelle des scènes d’actions, où l’on se demande bien à quoi servent les budgets faramineux des blockbusters, puisqu’à l’écran on ne distingue quasiment rien. Trop long, trop lourd à s’ébranler, le film se traîne pas mal, même s’il est assaisonné d’un humour mignon. Ne reste qu’à savoir si, là, maintenant, est impérative cette immersion totale au pays des G.I. Joe et des Cosmo Cats, dans ce monde qui n’a pour saveur que celle des madeleines mécaniques et pour devise que cette invocation : Toys are us.