Que vaut la distinction de meilleur film de « Rebelfest », obscure sélection parallèle du festival de Toronto ainsi que les autres breloques de seconde zone dont s’affuble cet Ecorchés, qu’un distributeur généreux vient exhumer après quelques années de cabinet noir ? Pas grand-chose sans doute, à considérer ce petit huis clos ouf dans sa tête, référentiel à mort (Psychose, Bresson ou Shinning, rien que ça), fier de ses bidouilles (cadrages impossibles et image en négatif), avec un petit couple plus top model qu’acteurs. Pareille digestion du thriller à l’américaine, plus nauséeuse qu’une choucroute en pleine canicule, ça sent le Rebelfest à plein nez.
Pour les vacances, un jeune couple s’installe dans une maison à la campagne appartenant au boss de l’un d’eux. Chamailleries, glandouille devant la télé, cache-cache érotiques, clopes et bières au goulot : on pressent vite l’issue fatale. Bien vu spectateur, le couple est grave incestueux. Flash-forward : un Vincent Martinez tout rasé, l’arcade sourcilière ensanglantée, avoue tout à un gendarme évadé de Julie Lescaut. Trop gentil pour se mettre en position Gaspar Noé, trop prétentieux pour assumer la série B (un remake de Ils est évoqué et puis non), trop immature pour prétendre au grand film glacé, le périmètre d’action d’Ecorchés est forcément réduit à peau de chagrin. Soit une gigantesque aspiration et sa minuscule concrétisation en miroir.
En témoigne la référence à Shining, pas vraiment discrète (enfer architectural, ce genre de choses), achevant de couler la moindre potentialité positive dans une médiocrité absolue. Il ne reste plus à la mise en scène que jouer l’amour trouble en mode boudin, marotte préférée du cinéma immature qui croit trouver dans la roue libre un vent de liberté : je t’aime moi non plus, intimité filmée au ras du slip, avec l’infime espoir du film d’acteurs comme bouée de sauvetage. Mélanie Thierry y surnage parfois, son petit corps de Lolita psychotique s’emboîtant assez bien dans la miniaturisation ambiante. Vincent Martinez, beaucoup moins. Entre Actors studio détraqué et minéralité du pauvre, il porte l’échec du film sur ses frêles épaules de beau gosse.