Exemple type de comédie romantique bouffée dans l’os par la désinvolture par défaut de sa réalisatrice : une working girl (Alexandra Lamy) embauche un comédien au chômage (Bruno Salomone) qui campera lors de vacances familiales le fiancé qu’elle n’a pas encore. Que l’on reste dans le registre carte postale (vacances à la mer, petit bateau et cornet de glace), passe encore. On voit bien l’intérêt mercantile du film, radeau de la méduse sur lequel chacun s’amarre pour tirer le gros lot : Lamy se bagarre pour le titre de Julia Roberts à la française, Salomone pige entre deux allocs d’intermittent du spectacle, Claudia Cardinale rajoute une liasse sur son compte-retraite. Et Aline Issermann, après un purgatoire télévisuel d’au moins quinze ans, veut assurer ses arrières au cinoche.
La légèreté, ça se tourne, ça se travaille, mais la cinéaste préfère lancer des pavés dans la mare. Même en plastique, les tsunamis scénaristiques, ça mouvemente, ça chamboule : à mi-parcours, le film passe de la gentille caricature sociologique au portrait de femme chabrolienne (qui n’échappe pas aux dégénérescences d’une bourgeoisie nantaise à peine grossie pour le coup), histoire d’atteindre péniblement 92 minutes. Pour paraphraser la sémantique du foot, Cherche fiancé possède une grinta de patate douce : à peine lancé, le film s’effondre, à sec, désabusé, presque gêné d’être là. Entre téléfilm et sitcom, l’image n’a d’autre usage que d’accréditer un malaise existentiel visqueux : à la quête de familiarité du premier, s’adjoint la conscience absolue du second de sonner creux. D’où un effet boule de neige où les ratés s’empilent, tuant tout enjeu dans l’oeuf. Jongler avec les archétypes a un prix : quand les répliques s’échinent à donner le ton et ne tuent pas, c’est l’agonie permanente.
La faute en incombe à chacun, le film étant, rappelons-le, une chaîne d’intérêts individuels qui ne fait jamais corps. Si les acteurs jouent comme chez Max Pecas, le texte plaide coupable, le scénario improvise une volte face, les plans en rajoutent une couche (le burlesque rmiste ou les positions cool d’Alexandra Lamy dans sa voiture, si figés qu’on devine le story-board en amont). Aline Issermann dessine sans le savoir un dédale étouffant, où la moindre sortie de secours cache un cul-de-sac. Après Héros, rampe de lancement pourrie où Michael Youn trouait ses rêves de grandeur, Cherche fiancé est sans doute l’aveu d’impuissance le plus pathétique du moment.