Une pensée pour John Cusack, acteur exigeant, prometteur il y a encore quatre ans puis subitement devenu indésirable sans que l’on sache pourquoi. Maintenant il tourne avec Beresford, l’homme de Miss Daisy et son chauffeur en 1990, monsieur ventre mou du système, un porteur d’eau pour stars sur le flanc, qui au mieux filme les quinquas burinés de type Tommy Lee Jones (ou comme ici Morgan Freeman), au pire se satisfait d’un euro pudding en costumes avec Vincent Perez (Alma, la fiancée du vent). Un sérieux, un pro, rarement ridicule (c’est toujours la faute au scénario), toujours constant. Par définition, un film de Beresford, c’est déprimant. Pas la saveur d’un nanard, ni l’ego enflé d’un wannabe wonderboy. Le cinéma prend avec lui une dimension primaire qu’on n’imaginait pas, aux confins d’un académisme tellement épuré qu’il pourrait devenir expérimental si l’on force un peu : rien ne filtre, hormis le pragmatisme des images. Une bagnole qui tombe à l’eau, c’est une bagnole qui tombe à l’eau : pas de délectation, de baroque, ni même de froideur, nada, niet, rien. L’histoire du Contrat : en pleine randonnée, un prof de sport (Cusack) et son jeune fils neutralisent un tueur à gages (Freeman) en passe de s’enfuir, puis se retrouvent dans le viseur des complices du dernier. Les flics s’en mêlent. Prêts ? partez !
Mine de rien, ça fonctionne, du moins sur l’instant : nourri d’un siècle de films d’action, de bad guys, de vannes hollywoodiennes, le spectateur est armé pour Le Contrat. Il pige tout, serein, il absout les incohérences, tolère la faiblesse des petits messages (les services secrets ou encore le capitalisme sauvage en prennent un coup, seul signe, outre les rides de Freeman, que le film ne date pas de 1997), la virtuosité derrickienne des scènes d’action (sommet : le crash d’hélicoptère le plus mou de l’histoire du cinéma), mais il a toujours un truc pour se réjouir. Ne pas se voiler la face, l’à-plat a ses bons cotés : une dévotion absolue envers l’intrigue, qui avance toute droite, star des stars, pardon, priorité absolue. Assainir la série B, même à coups de Karcher, voilà bien la preuve que Beresford sert à quelque chose.