Résumé des épisodes précédents. Seul comme un pape, Jean-Marc Barr s’ennuyait comme un rat mort sur le trône de la célèbre CLH (Constellation de la Lobotomie Heureuse) jusqu’à ce qu’un jeune auteur autorisé lui conteste la place de numéro 1 mondial via un vrai film de pingouin comme on en voit rarement : En attendant le déluge. La bataille pour la suprématie de la galaxie mongoloïde était relancée. Depuis, Barr patine, tandis qu’Odoul s’envole vers les sommets, grâce à L’Histoire de Richard O., nouvelle plongée dans la dimension Z du cinéma d’auteur français, une semaine tout juste après Charly.
Au début de L’Histoire de Richard O., ledit Richard O. (Mathieu Amalric) meurt en tombant d’une table basse. Puis, flashback. O. est une sorte de réalisateur qui s’intéresse aux filles, filme leurs confessions intimes et surtout multiplies les expériences sexuelles pour, genre, percer des tas de mystères. Très vite apparaît le véritable héros du film, un grand type sans nom, ami et assistant de Richard O., interprété par Stéphane Terpereau, qui incarnait déjà le héros secret d’En attendant le déluge, Pippo le jardinier, débile léger dépositaire ultime de la vérité cosmique, comme dans tout film CLH qui se respecte. O & Pippo furètent dans Paris, à vélo, et dépassent les autos tandis que s’ébroue le caméscope d’Odoul et que les divagations philosophico-neuneus se ramassent à la pelle. Tout à coup, paf, une métaphore : la lutte gréco-romaine, que O. & Pippo se mettent à pratiquer, et qui éclaire soudain le film. Le sexe, la vie, l’amour, c’est comme faire un film, c’est une lutte. Gé-nial. Au bout des tribulations quéquettes de Richard O. (O comme Odoul ? O Comme O secours ?), il y a donc la mort, parce que le sexe, c’est la vie, mais aussi – peut-être ! – la mort ? Brrrr, on en tremble. Mais le poète meurt en tombant de sa table basse, et c’est Pippo, qui emporte la mise, trouve l’amour, s’en va peloter des nénés de Suédoise dans un sauna. Normal, les fous détiennent les clés de la vérité du monde.
Bilan : si le zouavisme transcendantal d’Odoul atteint des sommets, lui fait défaut la douceur et la gentillesse bon toutou des trois volets de la free trilogy barrienne. Odoul est plutôt un roublard de première, qui fait l’innocent mais entend bien, en réalité, gagner sur tous les tableaux, et vise le très haut tout en filmant avec ses pieds. L’apparente légèreté farceuse du film masque mal sa sinistre idée du cinéma. Vous pensez que c’est juste une gaudriole fraîche pour gens de bon goût n’ayant pas peur de la chose ? Allons, voyez bien à quelle profondeur philosophique on plonge ici. Mais si vous trouvez ça complètement stupide, pas de panique ! il y a un plan B : c’était juste une farce. La paillardise bon teint et la parade grotesque ne sont que les cache-misère des ambitions grandiloquentes d’Odoul. Autrement dit, une hypocrite et frileuse carapace. D’une crétinerie à toute épreuve, le film se double ainsi d’une prétention titanesque qui le ridiculise une deuxième fois. Plus dure sera la chute.