Issue du monde PC, la série Ghost recon a subit de nombreuses transformations avant l’éclosion GRAW. D’abord simulation militaire hermétique, elle finit par se transformer en Syphon filter squad-oriented avant de trouver l’équilibre subtil qui la caractérise aujourd’hui. Refonte totale de la série, GRAW connaît un important succès critique et commercial, suffisant pour motiver une suite, sortie à peine un an après, et que la plupart soupçonnent de n’être qu’une version « 1.5 ». Pour apprécier GRAW 2 à sa juste valeur, il faut d’abord comprendre que Ghost recon est une affaire de spécialistes. Malgré un indéniable sens du grand spectacle, la tactique militaire constitue le coeur de son gameplay. GRAW 2 affine ces possibilités, notamment via le Cross-Com (ordinateur holographique greffé sur le casque des Ghosts) qui autorise désormais la couverture satellite, et la gestion du squad -avec vue type caméra embarquée permettant un déploiement stratégique chirurgical. Ce qui peut sembler un simple accessoire justifie, dans le cas présent, l’utilité de l’épisode dans l’évolution de la série.
Dans GRAW, il ne s’agit pas de placer le joueur dans une situation amusante et ludique mais plutôt d’exiger qu’il soit une machine de guerre efficace. En dehors de son esthétique impressionniste et de son HUD sorti de Metroid prime, le jeu n’autorise aucune fantaisie et l’acte de tuer, bien que représenté sans le moindre effet gore, glace le sang. Une sensation renforcée par les bruitages secs et réalistes des armes, mais aussi par le peu de munitions nécessaires pour « éliminer un hostile ». A part peut-être dans son alter-ego Rainbow six, rarement la vie humaine n’est apparue aussi fragile et éphémère : une ou deux balles suffisent à provoquer la mort. Cette approche spartiate est encore renforcée par la nécessité de gérer non seulement son avatar, mais aussi une escouade de trois hommes choisi parmi plusieurs spécialisations (sniper, grenadier, fusilier ou le tout nouveau médic). Loin de se contenter de jouer les figurants, ils apportent un soutien tactique inestimable et tout espoir de finir une mission sans leur aide est tout simplement impossible. Il faut donc nécessairement se soucier de leur bien-être, ce qui impose un rythme de jeu construit autour de techniques militaires réalistes. Très spécifique, GRAW 2 n’est pas un titre qui fait l’unanimité. Et la rigueur de son gameplay peut définitivement l’éloigner des joueurs élevés au panache des jeux japonais. Loin de faire vivre une guerre édulcorée à la manière de Call of duty, GRAW 2 replace le joueur dans sa réalité physique : là où une seule et unique balle peut être synonyme de mort, là où la simple traversée d’un carrefour désert peut se révéler terriblement désastreuse. Une façon, en somme, de mettre le joueur en face de sa propre mortalité.