De l’Almodovar Canada dry. Ou light, si vous préférez. Bref, voilà un produit bien calibré, très propre, auquel il n’y a pas vraiment grand-chose à reprocher, sinon d’être la pâle contrefaçon des flamboyantes obsessions du mentor de la movida. L’ex-enfant terrible du cinéma ibérique rentre dans le rang, victime de la logique Ciby 2000, qui a déjà contraint quelques noms fameux du 7è art (Leigh, Bertolucci, Altman, Lynch,…) à aseptiser leurs productions en vue d’un public toujours plus large… et de quelques récompenses sonnantes et trébuchantes (quatre palmes d’or en moins de quatre ans).
Passé une ouverture bien dans la veine de la folle décennie (80’s), Almodovar nous sert donc une intrigue tordue à souhait (inspirée, il est vrai, de la fumeuse Ruth Rendell), avec ce qu’il faut de psychanalyse à la mords-moi-le-noeud, de femmes quinquas sur le retour et de jeunes taureaux à la libido débordante (les deux font la paire), de cunnilingus et de « 69 » prudemment dosés…, rien que du très connu, donc, en beaucoup moins drôle et beaucoup moins déboutonné qu’autrefois. Quant aux acteurs, honnêtes au demeurant, difficile de les comparer aux Abril, Bosé ou Banderas d’autrefois. Seule Angela Molina parvient à nous émouvoir vraiment.
Un produit grande consommation de plus, agréable à regarder mais aussi vite oublié : la loi du désir n’est plus ce qu’elle était…