Entre deux éclaircies sur la côte de Brighton, Electrelane a trouvé le moyen de compiler un album de titres oubliés, d’inédits et de lives. Les quatre filles adeptes d’un rock éclectique et bouillonnant (Mia Clarke à la guitare, Emma Gaze à la batterie, Ros Murray à la basse, Verity Susman au clavier, au chant et à tout le reste) avaient commencé à faire sérieusement parler d’elles avec The Power out, second album sorti en 2004, avant de s’affirmer l’an dernier avec Axes, enregistré en live et d’une traite par Steve Albini. Avec Singles, b-sides & live, Electrelane donne dans le plus réflexif -une démarche quasi archéologique pour un album qu’on aurait tendance à vouloir fourguer aux collectionneurs et autres amateurs de raretés musicales, ou, au mieux, à quelques fans rongeant leur frein depuis qu’ils savent Axes par coeur. Certainement, on hésiterait à le déclarer d’utilité publique.
D’un côté, on n’aurait peut-être pas tort parce qu’entre les fonds de tiroirs -des singles et B-sides sortis entre 2000 et 2005 (John Wayne, I love you my farfisa, etc.)-, les tubes repris en live (Birds, Those pockets are people / The Partisan), et les inédits (l’enregistrement de Oh sombra ! chez John Peel, ou encore une reprise live de More than this de Bryan Ferry), il y a des hauts et des bas. On pense à quelques morceaux pas franchement mémorables, comme Come on (2000), ou ceux dont on se passerait bien d’écouter la version live, comme Birds. L’original, figurant sur The Power out, est un morceau tout en suggestion, un moment d’attente dans lequel les grincements feutrés de la guitare et le chant pur maintiennent l’oreille en suspension, presque par défaut, jusqu’à la conclusion abrupte, têtue, l’aveu avant le silence : « It’s not that I can’t go on without you / Got a lot of things to do / Busy busy all the time / Still I can’t stop thinking about you ». Dans la version live sélectionnée ici en revanche, ni feutre ni retenue, mais une guitare trop présente, une voix criarde -aïe, on se dit qu’Electrelane a bien fait de viser le quasi tout instrumental sur Axes.
Mais comme souvent avec le quatuor, on est rattrapé presque malgré soi par les moments de grâce. Il y a le très pop, I want to be the president, sorti en 2003, qui tourne (presque) sur trois notes mais qui roule, l’émouvant I only always think, ou encore le morceau d’ouverture, Film music, qui date de 2000, mais qui préfigure le son de Axes par son côté déjà Krautrock. Parmi les inédits de marque, More than this enregistré live à San Fransisco en 2004, façon The Power out : Verity Susman au chant dans un début cristallin, puis la reprise du thème très rock’n’roll, la voix se fond, le rythme entraîne, le clavier est lancé, One two three ! C’est parti, et ça culmine avec la version concert du superbe doublet tiré de Axes, Those pockets are people / The Partisan. Là, on renoue avec l’énergie propre à Electrelane sur scène : un peu brouillon, un peu basique mais qui se précipite comme une réaction chimique. Et au fond, on aurait envie de dire que Singles, B-Sides & Live est un peu comme ça : il y a des hauts et des bas, mais brusquement ça prend. Au fond, on aurait bien envie de le conseiller à tout le monde, le Singles, b-sides & live d’Electrelane…