Il n’y avait que Robert Redford pour faire un film de 2h40 sur la thérapie d’un cheval. Après Et au milieu coule une rivière, film auquel on pouvait accorder une certaine poésie, L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (dieu, que de titres indigestes !), montre une foi encore l’attachement de l’auteur pour les valeurs traditionnelles de son pays.
Là où le film énerve vraiment, mis à part sa durée et le vide énorme de son propos, c’est qu’il est hypocrite. Redford, on le sent bien, a voulu faire davantage plaisir à lui-même qu’au spectateur. Comme l’indique le titre, il est le centre de gravitation du film. C’est lui que l’on vient voir, et c’est lui que l’on quitte douloureusement, car c’est un brave homme. Le rôle aurait parfaitement convenu à un John Wayne en fin de carrière, trop fatigué pour jouer les cow-boys. Avec lui, au moins, on aurait davantage compris les réelles motivations du film. Mais que Redford veuille endosser ce rôle de héros simple et solitaire, tient trop du fantasme pour être honnête.
En ce sens, ce film me fait penser, également dans l’optique acteur/réalisateur/producteur, le catastrophique Postman de Kevin Costner. Les deux acteurs ont manifestement cédé au même type de fantasme. Ils sont, devant comme derrière la caméra les piliers du film (long, de surcroît) et les héros qu’ils incarnent, à la différence de ceux de Clint Eastwood (pour autre exemple), sont irréprochables. De plus, ils glorifient tout deux une Amérique archaïque basée sur les traditions et l’entraide fraternelle. Mais comparer davantage Redford à Costner tiendrait de l’injustice. Si Redford n’a rien à dire, ou du moins rien de nouveau, du moins garde-t-il une certaine classe. Ainsi la mise en scène, est exemplaire et sauve le film de la totale nullité auquel le scénario le condamnait. C’est déjà ça me diriez vous mais on ne sort pas un spectateur de sa torpeur avec des jolis plans. A force de ne rien dire, et de filmer de beaux paysages, on ne sera pas surpris -au bout de 2 heures de toute façon, il est dur de s’étonner- que le film devienne lentement un mélo lacrymal indigeste.
Le film regorgeant qui plus est de moralisme et de mièvrerie, on se prend à penser qu’une foi encore, de grandes intentions et de beaux sentiments ne suffisent pas à faire une grande œuvre. Le film, je le crains, ne ravira que les détracteurs de Redford et les inconditionnels de mélos.