Un Phoenix renaît toujours de ses cendres. Après un premier album, United pop et culte (avec les tubes If I ever feel better et Too young, ce dernier repris par Sofia Coppola en mode karaoké dans Lost in translation) et un second jet, Alphabetical, de r&b périmée (i-d : qui était déjà out-daté au moment de sa sortie, malgré de vrais grands moments de songwriting, comme Everything is everything ou Run, run, run), Phoenix a découvert que guitares et Converse étaient revenues à la mode, et n’a jamais sonné comme ça. Rock’n’roll option Strokes (à la limite du plagiat), le quatuor francilien a tout fait lui-même dans un vieux studio de l’ex-RDA, à merveille. Le son merveilleusement mat des caisses claires résonne (ne résonne pas justement) comme nulle part ailleurs (big up à Julien Delfaud, qui accompagne le groupe depuis ses débuts et semble avoir sa grande part dans l’étincelante maîtrise sonique du combo).
Rock, mais taillés dans le marbre d’un songwriting sautillant (No consolation prizes) et élégiaque (Long distance call), les onze titres de It’s never been like that sont ramassés en bombinettes percutantes et destinées aux pistes de danse indie-pop plus qu’aux stadiums d’opérettes. Cela, pour l’impeccabilité droite et sèche des rythmiques (le kick et le snare, bijous d’orfèvres), les ponts pile dans le groove et la maniabilité de l’engin sur la longueur. Né avec la french-touch (ces jeunes gens sont versaillais), Phoenix a su importer vers le champ pop et rock l’efficacité dansante et la maîtrise technicienne de la dance-music, y ajoutant les scies tranchantes du Velvet, les harmonies de Dennis Wilson ou le perfectionnisme de Steely Dan. Ni rétro, ni trop rock (pas de saletés touffues à la Babyshambles dans ce rock clair et concis), Phoenix va à l’essentiel et emporte l’adhésion. Une tripotée de tubes, un instrumental en boucle (North, petite merveille de sensibilité pop nostalgique), quelques paroles mélancoliques (ruptures, déliaisons, départs et mauvais souvenirs) sur des rythmes enlevés, et l’affaire est dans le sac.
>Electricité ciselée, songwriting plein de surprises et, surtout, les plus belles compressions de batterie jamais entendues (ou alors, sur United, justement). Entre classic-rock 70’s et pop mainstream 80’s, même si les chansons ne suivent pas toutes (mais presque toutes), la production à ce niveau d’excellence devient une vraie oeuvre d’art.