De Renny Harlin, fossoyeur de studios et roitelet du blockbuster, ne plus attendre de renaissance. En chute libre depuis Clifhanger, ce grand dadais savait par instants rester digne, comme en témoigne Peur bleue, série B jouisseuse et généreuse. Mais Le Pacte du sang touche le fond du nanar : pas un gramme de cinéma, pas une idée à l’horizon, rien qu’un billet sans retour vers l’enfer télévisuel. C’est bien simple, entre Harlin et un tâcheron anonyme de Buffy contre les vampires, il n’y a désormais plus aucune différence. Ah si quand même, une : la mégalomanie persistante du gogo malgré la ringardise qui le ronge. Voilà ce nous apprend Le Pacte du sang : décanter l’énergie d’un cinéaste de son hystérie. Une leçon faiblarde certes, mais qui explique pourquoi Harlin a troqué son fauteuil de décideur pour un strapontin de moins que rien.
Car la mégalomanie chez Harlin relève exclusivement de l’illumination. Par exemple, celle qui consiste à revisiter le film de pirates ou de voir Geena Davis comme le nouveau Stallone (Au revoir à jamais). Le principe même d’une franchise comme L’Exorciste laissait entrevoir le moteur du cinéaste et ce qui dans le même temps, était sa perte : la vision, le feu intérieur, une forme de révélation très brute, très enfantine donc dévastatrice. Voilà le sujet du Pacte du sang : quatre ados issus d’une famille de sorciers de la Nouvelle-Angleterre développent des pouvoirs surnaturels. Des élus, qui pour paraphraser Gilbert Montagné, se brûlent la peau : s’ils abusent de leur don, ils vieillissent encore plus vite que John Carpenter. Il faut voir les grandes scènes hédonistes du film pour constater ce qui fait planer le cinéaste aujourd’hui : une partie de billard dans un pub du samedi soir, une virée en 4 X 4 dans la forêt, draguer les filles, jouer au coq (la compèt’ de natation).
Finalement, que le prétexte soit flamboyant ou fortement revu à la baisse, Renny Harlin est toujours aussi content. Le bon côté de la chose, c’est l’absence de cynisme qui assainit tous ses films, mêmes les plus vendus au système. Le mauvais côté, c’est qu’Harlin n’a jamais eu autant de déchets à filmer. Casting nullissime, scénario honteux, suspens de superette, Le Pacte du sang envoie le cinéaste dans les cagibis de l’enfer. Logiquement, il n’en sortira plus.