Avec son nom en forme de gag par antiphrase, son graphisme de pochette glamour humoristique (une boule à facettes menottée à un mollet féminin surmonté d’une silhouette délicieusement cambrée, sans la tête) et sa réputation flatteuse, Acoustic Ladyland ne devrait pas passer inaperçu. Ce quartet excité venu de Londres a fait un carton en Grande-Bretagne au cours des deux dernières années avec Camouflage, un premier album hommage à Jimi Hendrix, puis ce Last chance disco tonitruant qui lui a valu de se voir décerner le titre de « groupe de scène incontournable de l’année 2005 » par le magazine musical Observer music monthly. Issus du collectif D-Fire, qui rassemble à Londres des musiciens, des danseurs et des plasticiens, les quatre membres d’Acoustic Ladyland (Seb Rochford, batterie, Tom Herbert, basse, Tom Cawley, claviers et Peter Wareham, saxophones) proposent un » jazz » (appelons ça comme ça) survitaminé et électrisant qui pioche allègrement du côté du punk, du rock et de la pop, voire de la techno et de la musique pour dancefloor pour ses rythmiques binaires au marteau-piqueur balancées sur des tempos infernaux.
Ambiances électriques surchargées (le premier morceau, hommage à Iggy Pop intitulé « Iggy », fait l’effet d’un uppercut : poussez le volume à fond, vous ferez sursauter tout votre immeuble), saxophone volontiers hurleur, mélodies bien chaloupées et humour intello donnent à la musique de ce groupe de mauvais garçons en costume bien repassé des allures de résurrection jazzy des grands groupes de la vague glam-rock british des années 1970 (Roxy Music et compagnie). Le goût du détournement, des cassures, de l’excès et des clins d’œil pour happy few ne va pas non plus sans évoquer, parfois, les violences redoutables de John Zorn et de Naked City, lesquels font évidemment partie du pool d’influences citées par les intéressés (ils y ajoutent, en vrac, les White Stripes, Coltrane, les Stooges et Gang of Four). Les titres sont à l’image de la musique, déjantés et provocateurs : Perfect bitch (on vous laissez traduire), Ludwig Van Ramone, Trial and error, et ainsi de suite. Ca secoue, ça fait rire, ça ne laisse pas indifférent, c’est remarquablement bien fichu ; ça fatigue aussi très vite, la faute, peut-être, à un propos relativement monochrome (en contrepartie, l’album est court). Pourquoi pas.