Grand prix et prix de la critique du festival de comédie et d’humour de l’Alpe-d’Huez 1998, on s’attendait à rire au moins une fois durant de film. Hélas, juste une petite décrispation des lèvres par ci par là, c’est tout ! Impossible de rire franchement devant la bêtise de Shooting fish. A l’instar de Martha, Franck, Daniel et Lawrence, Shooting fish est à classer parmi la longue liste des « pseudo comédies branchées destinées aux jeunes dans le vent » qui forment une grande partie du cinéma britannique en ce moment.
On retrouve dans les deux films les mêmes ingrédients d’une recette frelatée. La naïveté et la mièvrerie de l’histoire par exemple : ici, il s’agit de Jez et Dylan, deux copains orphelins qui arnaquent les « vilains riches monsieurs du Westend londonien » pour acheter ce dont ils ont toujours rêvé, une grande maison… Au cours de leur combine, ils rencontrent Georgie, une jolie jeune fille dont Jez va tomber amoureux et qui va leur apprendre à être moins égoïstes. Finalement l’argent récolté servira à racheter la fondation pour les trisomiques de Georgie que son salopard d’ex-futur mari a voulu lui sous-tirer.
Shooting fish étant une comédie, de nombreux gags irriguent le film. Et le parti pris du réalisateur semble être l’invraisemblable. Rien ne pourrait fonctionner si on y réfléchit, mais le film ne nous demande surtout pas de réfléchir. Lorsque Jez (celui qui est doué pour la technique) est sauvé des vilains méchants grâce à son pantalon-fusée qu’il a créé, on se croirait alors dans Goonies de Spielberg. En fait, Shooting fish reste dans le domaine du superficiel. Tout le film est à prendre au premier degré et ça se ressent sur les effets comiques plutôt destinés à un public jeune ou plus âgé mais qui ne veut pas trop se prendre la tête !
Le film devient vraiment agaçant lorsque l’on observe les efforts de la mise en scène pour rythmer le film. Tout va très vite, la réalisation est speedée et les héros courent souvent accompagnés d’une musique ultra-rythmée ; comme dans Martha, Franck, Daniel et Lawrence (décidément …), la bande son du film est un condensé de tubes brit-pop (à noter la présence de The Divine Comedy et Strangelove). La musique pallie les maladresses de la mise en scène. Ce n’est pas le montage qui fait le rythme mais bel et bien la musique qui intervient dès que l’action devient rapide ou se calme s’agissant des scènes romantiques. On espère se détendre en allant voir Shooting fish, on en ressort frustré et fâché.