Rien de neuf dans l’actu bessonienne. Malgré la présence de José Garcia en locomotive de choc de ce psychopolar, La Boîte noire n’est rien de moins qu’un énième avatar d’une franchise qui faute de mieux, s’impose comme un incontournable de l’entertainment à la française. Certes, Europacorp n’en finit pas de servir des resucées hollywoodiennes sauce franchouillarde, souscrites et vulgaires, mais les années passant, il demeure le spécialiste incontesté d’un genre récupéré depuis par nombre de ses concitoyens. En témoignent les produits difformes et miteux d’anciens lieutenants partis faire fortunes ailleurs (L’Empire des Loups de Chris Nahon, moins digeste que Le Baiser mortel du dragon écrit par Besson) ou les tentatives abominables de francs-tireurs sans expérience dont Edy devient dès cette semaine, l’oriflamme le plus sinistre.
Non, sans rassurer, La Boîte noire assure sa besogne. Dès les premiers plans, au formalisme sensoriel digne d’un Fincher bourré, Richard Berry trace clairement les limites du programme : n’attendre de la mise en scène aucune subtilité, sinon une éventuelle fulgurance visuelle de grosse BD, que le scénario validera toujours d’une façon ou d’une autre. Lequel suit des rails lustrés par Memento et consorts. Sorti du coma, Garcia cherche à décrypter le délire de sa phase de réveil, qu’une infirmière sexy a scrupuleusement retranscrit dans un carnet. Commence une quête d’identité contrariée par confusions, paranos, traquenards et faux-semblants, autant de prétextes pour faire mumuse avec la caméra. Car le cadeau bonus de la Boîte noire réside uniquement dans le plaisir d’enfant gâté qu’a Berry à dépenser sans compter (faire déserter un quartier de Paris pour une demi-scène, créer de multiples décors en studio), de s’inscrire amoureusement dans un genre fantasmé.
Point de labeur ici : les élans réacs, pics de vulgarité et autres débilités formelles (surdécoupage sur Garcia jetant un kleenex à la poubelle, grand moment) défilent à vitesse grand V, une situation en chasse une autre comme autant de caprices abandonnés dans la seconde. L’énergie, solution miracle qui densifie notoirement la grammaire de Richard Berry réalisateur, dont le maniérisme dégénéré s’était jusqu’alors toujours cogné à la narration, est aussi à mettre au crédit de José Garcia. Par son statut d’invité du genre, il y insuffle une fraîcheur candide, impression renforcée par la deuxième partie, de loin la meilleure quand son personnage perd médicalement tout sentiment d’inhibition. Tout se permettre, c’est bien là tout l’intérêt de ce joyeux bordel décomplexé.