Plus que les FPS, les simulations de vie titillent nos pulsions de mort et notre libido. Renvoyant à nos envies de tester les limites des « Sims », ces multiples tentatives de les brûler vifs, de les noyer au fond de la piscine, de leur torturer la vessie… souvent en vain. Côté cul, on a bien eu droit à quelques grivoiseries dans Singles mais il fallait pousser son avatar jusqu’au mariage et se meubler intégralement chez Ikea avant de s’adonner aux plaisirs de la chair… Déprimant.
Si Les Sims pouvait faire figure de manuel de bonne conduite pour geeks, 7 sins se rapproche plus du guide du parfait enculé. Votre avatar ? Un macho crapuleux motivé par le fric, le pouvoir et les filles faciles. Votre but ? Conquérir Apple City par tous les moyens mis à votre disposition. Mais ce n’est pas parce que tous les moyens sont bons qu’ils ne rencontrent pas d’obstacles. Outre le risque d’être pris la main dans le sac (littéralement lors des phases « pit pocket »), notre héros, en bon sociopathe, a une jauge de pétage de plomb prête à exploser à la moindre des contrariétés imposées par le monde libéral moderne. Et des moyens tout aussi inavouables de se la vider. Comme celui de pisser sur les plantes tout en headshootant quelques insectes, ou encore d’engueuler son patron.
Chaque vice illustré, chaque pétage de plomb refoulé, donnent lieu à une séquence mini-jeux à la Mario party qui navigue esthétiquement entre le jeu flash cheap et les séances photo de GTA. Le tout ponctué d’un humour cher aux lecteurs d’Entrevue et de FHM. Alors, 7 sins : laid bête et méchant ? Il y a de ça. Et pourtant, en collectionnant le cliché sociétal destroy, le jeu se construit un charme très particulier. Un charisme repoussant : dans un Télérama de l’année dernière, on pouvait lire un long article sur le Jerry Springer Show accompagnée d’une photo pour le moins étrange. Au second plan : une horde de freaks croisés sur son plateau pour cause d’inceste, d’adultère, de dépendance sexuelle, de transformisme, etc., tous érigeant un gigantesque drapeau américain. Au premier plan : Jerry Springer, digne et fier dans son éternel complet gris, la mine réjouie et le regard approbateur. Manière de dire : ce sont ceux dont vous rejetez les moeurs qui ont construit ce pays. Ils sont comme vous ; ce sont vos caricatures. Votre repoussant charisme.
Le monde de 7 sins est une plongée en apnée dans le cauchemar de la compétition financière et sexuelle. Et parce qu’il préfère la satire à la leçon de morale, il exhibe sans pudeur le charisme repoussant de ces interactions sociales transgressives et une humanité à ce point dévoyée qu’elle en paraîtrait presque ordinaire. En cela, 7 sins constitue un objet d’exploration fascinant. Est-ce encore un jeu ? Répétitif dans son déroulement et souvent écoeurant par son contenu, 7sins ne semble destiné qu’aux fans hardcore des simulations de vie en quête de subversion. Aux autres de découvrir en un seul DVD le casting « idéal » des émissions de Delarue.