Alors que le « gars » Dujardin casse la baraque avec Brice de Nice, la « fille » Alexandra Lamy a plus de mal à s’adapter au grand écran. C’est un fait : depuis l’arrêt de la série qui a fait sa gloire, l’actrice traîne ses basques au fond de quelques comédies bouchonnées, de congloméras post-M6 promis au sanibroyeur (Rien que du bonheur, Livraison à domicile) en mouroir pour croûtons du Splendid (L’Antidote). Au suivant ! sonne donc comme une promotion-test, constat que met d’ailleurs en lumière le scénario, le film se déroulant dans le monde officiellement périssable du casting. On y retrouve l’actrice et son cahier des charges télé, soit pétulante-rigolote, sexy ordinaire, genre prototype chieuse et sympa de Biba ou Cosmo.
Elle est Joséphine, directrice de casting surbookée qui butine à ses occupations quand la mort de son chien lui fait rencontrer l’amour au crématorium. Pas vraiment glamour le mec, mais hyper drôle, fantasque, attentionné et tout. Et acteur, en définitive. Lui, c’est Clovis Cornillac, stakhanoviste des plateaux dont l’omniprésence a fini par payer depuis quelques mois. Au suivant ! lui est également dédié, compressant sa filmographie aux mille costumes en un rôle protéiforme plutôt bluffant : flic de Navarro, clown pathétique, beauf lunaire, tapisseur de plans, bref une machine à jouer toujours d’accord et qui ne demande rien en retour. Le film ne cherche qu’à assembler ces deux partitions sans qu’elles ne s’écrasent l’une l’autre et bouffent le tempo romantique. De sublimation, il n’est même pas vraiment question, tant l’acteur reste cloisonné à sa propre réputation. La méthode n’est pas sans rappeler Mensonges et trahison, autre produit Besson, qui ramassait tous les clichés médiatiques autour d’Edouard Baer pour en faire un film de prime-time, genre compost hommage / calibrage.
La mise en scène a donc peu de marge de manoeuvre, réduite à des ajustements, des rappels à l’ordre, entre enfilades de clichés, illustrations criardes ou banales boites à rythme. Loin de se faire pupitre discret, elle transforme à peu près tout en capharnaüm hurlant : la musique se fait bruit, la lumière flashe comme la cafét’ de Premiers baisers et la dévotion au cabotinage finit par lasser. Malaise donc, pour Jeanne Biras qui doit en plus greffer la charte hollywoodienne de la comédie romantique. Impératif de trop qui plonge définitivement l’ensemble dans une franchouillardise de deuxième division, toujours fière de ses atours nationaux pour une exportation éventuelle (les palaces parisiens, les boulevards haussmanniens, l’île de la Cité), toujours heureuse de taper sur le père du genre (ici un personnage de cinéaste américain obsédé sexuel et caractériel) comme un gamin aigri. Au final, un produit nain, toujours dans l’ombre de quelque chose (le genre, l’Amérique, la télé), d’une neutralité folle. La comédie française n’a toujours pas trouvé sa star féminine, mais bon, si ça marche, Alexandra Lamy est promise à jouer le même topo pour quelques années, en sursis permanent entre méga succès et nanars invisibles, telle une Michèle Laroque new age.