Jeune fille en fleur, Mona se prélasse au soleil d’un village british. Sa rencontre avec Tamsin, plus riche et délurée, la mène tout droit à une love story unilatérale, genre Manon Lescaut teenage servi sur film indépendant vaguement branché. On reconnaît là le style Pawel Pawlikovksy, documentariste passé à la fiction sur Transit palace, bel essai antonionien sur l’incommunicabilité et la poésie du grand nulle part, mais un peu trop creux pour convaincre. Aucune évolution n’est à noter sur My summer in love : même dépouillement de l’intrigue un peu balourde, mêmes lourdeurs des personnages et même sens esthétique vaporeux qui assure clémence et sympathie.
Reste un sentiment de film nain, un poil frustré, qui agace un peu. Pawlikovsky cherche l’abstraction maximale, la contemplation hallucinée, mais il finit toujours en panne sèche de construction maniériste, se cognant à un récit squelettique, d’une indigence folle. Au final, les personnages trinquent, super mal dégrossis, hyper miteux, comme sortis d’une vieille déchèterie scénaristique. Au mieux, ils touchent par leur grossièreté, quand le film, plus naïf que le roi, se fait le relais de leur poésie foutraque, les plaçant en chantres du pathétique décérébré. Au pire, ils lestent le décor et polluent le climax. On pense surtout au frère de Mona, simplet reconverti évangéliste mais toujours un peu violent, frère british des bad guys jesus de Reygadas ou Inarittu.
Il faut donc saisir dans My summer of love une sorte d’indolence des bronzettes lascives, un semi coma réparateur. Pawlikovsky n’a pas son pareil pour abstraire une image à peu de moyen. Il suffit d’un plan légèrement décadré, d’une surexposition sur un visage ou d’un agencement bizarroïde de séquences pour que le cinéaste désarçonne totalement l’espace, fasse graviter les matières ou au contraire incruste tout ce qui est volatile. Incontestablement le seul point marquant du film : parvenir à marier la brique anglaise à la lumière de Toscane et faire du village un point d’interrogation fascinant, entre mirage et rêve cotonneux. Presque un mini-film à lui seul, source intarissable de climax, écrin du fragile cinéma de Pawlikovsky, qui entre les grumeaux, laisse surgir quelques fulgurances mémorables.