C’est un film joujou, comme il y en a de temps en temps, un film anonyme né de la cervelle d’un ordinateur, film.exe à destination des geeks, qui s’y ennuieront un peu mais trouveront ça cool, quand même. Le principe ? Ressusciter le serial d’avant-guerre (la tête) avec des moyens high-tech (les jambes). Une sorte de rétro-futurisme en somme -la paradoxale locution étant par ailleurs le leitmotiv esthétique, dira-t-on, du film. Ou plutôt, réaliser aujourd’hui un serial façon thirties, forties ou fifties. Aujourd’hui, pour Kerry Conran (dont c’est le premier long-métrage), signifie virtuel. Décors virtuels, entièrement numériques, acteurs qui s’agitent et cabotinent devant des fonds bleus. Le pompon du film, son argument de vente, c’est qu’il ne contient aucun décor naturel, ce qui est franchement cool comme exploit.
Ainsi incrustés, Jude Law, beau pilote d’avion, pimpant dans sa combi d’aviateur, et Gwyneth Patltrow, fraîche et intrépide journaliste à l’ancienne. Anciens amants, ils s’unissent pour vaincre un savant fou germanique et paranoïaque qui a décidé, mazette, de détruire le monde en général et New York en particulier, où s’abattent des nuées de robots géants cyclopes en ferraille grise. Ensuite, les vaillants héros vont dans l’Himalaya, s’initient à la contemplation bouddhiste puis filent dans les nuages retrouver Angelina Jolie borgne, et puis foncent sous la peau de l’océan et enfin sur une espèce d’île perdue, propriété très fleurie du savant complètement ouf.
Deux attitudes possibles face à cette entreprise : Ou bien s’en foutre, ou bien prendre la mesure de ce que telle technologie apporte en matière de récit et de mise en scène, c’est-à-dire, ici, rien. Inutile alors de vanter les films 100% biologiques, il n’y a pas plus d’enjeu dans cette tambouille que dans le tout-venant des blockbusters hollywoodiens. Juste remarquer la maladresse (sans doute) du réalisateur qui use et abuse de contre-plongées soulignant des mentons hauts qui, vieux problème, semblent sortis du Triomphe de la volonté. Conclure surtout à l’évidence que tout cela laisse -déjà- un goût de ringardise high-tech. Donc, la meilleure attitude, c’est la première.