On sent l’arnaque venir de loin. Un producteur se réveille un matin avec en tête l’idée lumineuse de proposer à différents noms de réaliser des courts-métrages, dont l’assemblage ferait un film. C’est vieux comme le monde, et ça ne marche jamais. Le dernier en date était Paris, je t’aime. Avant il y avait eu les deux Ten minutes older (avec tout de même Kiarostami, Godard, Erice, Jarmusch et quelques autres) : bide, personne ne les a vus. Encore avant, il y avait eu aussi le film collectif sur le 11-Septembre : nul. Donc, les films à sketchs, on le sait depuis des lustres, ça ne marche pas. Peut-être parce que ça relève de la commande, et que la proposition est faite à des cinéastes qui ne travaillent pas de cette manière-là. On demande de l’art à des artistes, comme on demande des imitations à Gérard Dahan sur un plateau de télé ou un menu yakitori au japonais du coin : question spontanéité, on repassera.
La variante, dans Destricted, outre qu’il a pour sujet la pornographie (facile petit hameçon pour scandale de pacotille), tient à ce que les prestataires de service viennent d’horizons très divers. Sont ainsi convoqués Matthew Barney, Larry Clark, Marina Abramovic, Sam Taylor-Wood, Gaspar Noé, Richard Price et Marco Brambilla. Destricted est un fourre-tout sur un sujet qui appelle spontanément l’esbroufe et le charlatanisme. A la prétention bidon de Noé (un type nique sa race à une poupée gonflable avec sa bite et son gun, le tout en stroboscope et caméra looping, façon Irréversible : trop destroy) répond du Larry Clark pas mal, mais dévitalisé (le cinéaste organise un casting porno pour jeunes hommes débutants) et un Matthew Barney, dont le cinéma, s’il sonne toujours aussi creux, assure quand même un minimum d’exigence plastique. Bref, un non événement.