Enfin un peu d’air frais ! Un film qui réfléchit, mais ne se prend pas la tête. Une histoire profonde traitée avec une vaporeuse légèreté. Des silences bousculés par des répliques percutantes. Lila Lili est une vraie réussite. Premier véritable long-métrage de Marie Vermillard qui a déjà réalisé 3 courts et un moyen-métrage –Eau douce sorti en salle en 1997- ce film est avant tout le récit d’une perception du monde. Micheline, jeune fille vivant dans un foyer pour femmes en difficulté, est enceinte et décide, seule, de garder son enfant. Le film la suit pendant ses neufs mois de grossesse en captant chacun des moments qui la marquent, faits importants ou micro-événements.
Une grande part de la magie du film tient dans cette proximité avec le regard de Micheline. Avec elle, le spectateur flâne, sourit, fait des rencontres, s’arrête sur un groupe de jeunes jouant au basket ou la morphologie du conducteur qui la prend en stop. Ce parti pris de montrer par des plans subjectifs les scènes insignifiantes auxquelles Micheline prête attention produit une narration fragmentée totalement libérée des contraintes classiques de construction du scénario. C’est la vie que tente de refléter Marie Vermillard et non une histoire allant de A à B en passant par une série d’enchaînements de cause à effet. Dans Lila Lili de nombreuses scènes ne font pas « avancer l’histoire » et, même quand elles sont très importantes -comme celle où Micheline annonce à sa copine, Nadège, qu’elle a décidé de garder son enfant -, un incident mineur vient leur donner du piment et nous emmener sur la voie de la dérision. Là se trouve d’ailleurs la véritable surprise de Lila Lili, dans tous ses petits moments où le fou rire nous prend, longtemps encore après la projection. Parce que s’il est vrai que Micheline -alias Alexia Monduit, élève du conservatoire de Paris- parle peu, ses répliques sont d’une rare efficacité. Le duo contrasté qu’elle forme avec Nadège, formidablement interprétée par une non-professionnelle découverte par la réalisatrice dans un centre pour « femmes en difficultés », dégage une énergie qui donne au film toute sa valeur.
Alors, si vous hésitez encore à allez voir Lila Lili, demandez-vous ce que ferait Francis Cabrel à votre place… C’est l’astuce qu’emploie l’amie de l’héroïne en cas de coup dur…
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