Retour de la collection « Décadrages » du distributeur Shellac, qui met en avant de jeunes auteurs par le biais d’une sortie en salles de moyen-métrages (format risqué, s’il en est). Il y a quelques années, une première salve qui avait permis de faire connaissance avec Alain Guiraudie, les Frères Larrieu, Philippe Ramos. Ce n’est pas rien. Que vaut cette nouvelle cuvée (distribuée, coup double, par MK2 en DVD) ? Sans attendre les deux derniers volets de la collection –La Peau trouée de Julien Samani et La Visite de Nicolas Guicheteau (sortie le 23 mars 2005)-, on peut déjà dire que la livraison du 9 mars est la plus séduisante : Mystification, ou l’histoire des portraits de Sandrine Rinaldi et ce Blonde et Brune de Christine Dory.
Blonde et Brune s’affaire doucement à friser puis défriser son éternel programme chevelu, avec pour tout bigoudi un simple renversement. Blonde devient Brune, Brune devient Blonde. Non par(dé)coloration, mais par la ritournelle donnée de toute évidence que deux vies peuvent être interchangées sans dérangement considérable. Dix ans plus tôt, la grande Blonde s’était mariée et son amie, la petite Brune, avait librement choisi de ne pas lui servir de témoin. Dix ans plus tard, les deux jeunes femmes se retrouvent, une robe de Brune est enfilée par Blonde et cette séance d’essayage lance une course croisée : sans crier gare les deux amies permutent, Brune s’installe chez Blonde, laquelle croise la route de l’homme qui intéressait la première. Logique défaite des vies parallèles, comme est défait l’ancrage étroit des paysages gris du film, comme est défait l’attendue analogie cheveux / caractères. Séance punk rageuse chez le mari de Blonde où Brune s’installe. Logique du décor, qui conduit à procéder aux intersections sur une aire d’autoroute lorsque, entre deux semi-remorques, entre deux blondes, s’échange de nouveau la robe enchanteresse contre un tailleur. Joliment tiré par les cheveux, un fantastique roux s’est laissé couler le long d’une robe cousue en une heure à peine.