Avec Trouble qui sort la même semaine que cet Hôtel, le fantastique subit un double-attentat qui, à n’en pas douter, ne laissera pas beaucoup de traces. Bien plus antipathique cependant est ce sinistre film autrichien en comparaison de la jouissive croûte belge récompensée à Gerardmer. Hôtel, donc : bienvenue à Waldhaus, auberge isolée dans les profondes forêts autrichiennes. Une jeune fille à lunettes pâlichonne s’y rend comme apprenti hôtesse avant de découvrir, horreur, qu’il se passe d’étranges choses aux alentours de l’hôtel. Le cinéma autrichien est l’un des plus glauques qui soient, et quand il s’attaque au film de fantômes, ce n’est évidemment pas pour rigoler.
Résultat, Hôtel est une sorte d’objet frigide, déplaisante hybridation entre un formalisme ultra-prétentieux, une radinerie à la Haneke et les épouvantables chroniques sociales cyniques du coin qui inondaient récemment les écrans (on a oublié les titres). Citant de loin ses classiques, de Tourneur à Nakata, la cinéaste réussit l’exploit de ne pas réussir à transmettre la moindre émotion, le moindre semblant de terreur, engoncée dans une sécheresse pingre qui impose comme loi de ne jamais céder aux figures obligées du genre. Des archétypes (couloirs, piscines, corridors nocturnes) ne reste que la notion de lieu et d’espace désolé, vaguement psychanalytique, dans une perspective de rétention qui vaut son pesant de plomb.
Par contre, pleuvent ici les séquences complètement inutiles, uniquement vouées à créer une ambiance de déprime générale : forêt de sapin lugubre, scène de danse pour personnes âgées dans l’hôtel (attention ça casse), relation bidon entre l’héroïne coincée et un prince charmant boutonneux, etc. On se croirait face à ces films factices et anonymes qui remplacent aquarium ou feu de cheminée, dans un espace évidé où rien, de la vie comme du cinéma, ne transparaît. Il y a du Derrick là-dedans, une sorte de glauquerie de dimanche après-midi à éviter de toute urgence : du cinéma-témoin, comme on dirait d’un appartement, où il est absolument interdit de toucher et de consommer.