Hood est né au début des années 90 des paysages froids et lunaires du Yorkshire, à Wheterby, près de Leeds. Sur la foi de quelques pochettes paysagistes, on a souvent filé la métaphore géographique, géologique, météorologique, pour définir la musique de Hood, qui, du noisy Silent 88, en 1996, au planant Cold house, en 2001, semble concevoir sa création dans la dimension spatiale plutôt que dans la dimension temporelle : envolées de plages ambient sur canevas de mélodies, ambiances éthérées et étirées, deltaplanes electronica et champs d’arpèges mineurs, les associations avec Kate de Movietone ou Matt Elliott de Third Eye Foundation, sur leur grande oeuvre The Cycle of days and seasons, en 1999, ont posé et imposé la patte Hood, un genre en soi, pas très loin de Four Tet, Notwist, Tarwater ou Tortoise. Ils sont alors la version anglaise et atmosphérique du post-rock chicagoan. Après un Cold house qui a remis un peu les choses à plat, invitant même les rappeurs underground et psyché cLouddead, Outside closer, déjà septième album, propose une redéfinition du groupe anglais, tout du moins une réévaluation.
Car, désormais migrés dans une grande ville, les frères Richard et Chris Adams se demandent bien pourquoi on continue de leur parler de grands espaces quand leur musique sonne aujourd’hui sans lieu ni temps, ni urbaine ni bucolique, simplement leur, à l’aune d’une carrière qui n’a plus besoin de rien ni de personne pour s’auto-constituer et se renouveler. Ce Outside closer est suffisamment éclectique pour échapper à la référence et se suffit à lui-même, ouvrant toutes sortes de portes, si lointaines, si proches. Après s’être essayé à la noise lo-fi, à l’electronica et au post-folk, Hood revient à ses premières amours : une pop fraîche et mélancolique, sertie d’arrangements de cordes, pianos et cuivres, où les expérimentations électroniques se font plus discrètes, secondaires, au seul service d’un song-writing ample et ambitieux. Si le groupe regarde du côté de la pop mainstream sur Any hopeful thoughts arrive ou The Lost you, aux parfums de R&B disloquée, c’est pour rompre aussitôt son élan et mieux destructurer son propos. L’album alterne ainsi plages lentes, chansons douces et intimiste (Closure) et petites popperies en entrelacs électroniques, guitares acoustiques chaudes, et cordes gracieuses. Rien de bubble-gum là-dedans : on est toujours chez un groupe compliqué, qui change de tonalité comme de chemise et coupe chacun de ses morceaux en sections bien délimitées.
Dès lors, c’est en laborantins précautionneux que les frères Adams et leur backing-band s’illustrent le mieux, multipliant les effets d’annonce, filtres retors et fausse-pistes stéréophoniques. La richesse des arrangements éclate en feux d’artificiers, précis et argumentés. Un bien bel album, sans doute transitoire. Après sept albums, Hood n’a pas fait le tour de sa question.