Il n’a pas de bol, Pierce Brosnan. Pas né à la bonne époque, il rêve d’un âge d’or Hollywoodien qui n’existe plus que dans les resucées mythiques (James Bond) ou autres remakes. Pour ça, Brosnan est toujours de la partie, courant après l’Hitchcock qu’il ne pourra jamais tourner. Des fois, il touche son rêve du bout des doigts, débauchant des grands cinéastes (Boorman et McTiernan), qui comme lui, se sont illustrés sans jamais avoir dompté le système, mais le plus souvent, il tâcheronne tranquillement, produit des nanars touchants que personne ne voit (Evelyn, Le Neveu). Alors évidemment, ça le fatigue de courber l’échine devant les producteurs frileux de James Bond, qui ne veulent même pas de Brett Ratner, son poulain pour le prochain 007. Qu’à cela ne tienne : il le fera son énième film de cambriole et personne d’autre que Ratner ne le dirigera.
La petite histoire vaut bien le scénario, qui contient la même dose de paresse chic et toc. Pierce joue un Arsène Lupin du pauvre qui a pris sa retraite sous les cocotiers avec sa copine siliconée (Hayek). Alors qu’il commence à s’ennuyer sec, débarque Woody Harrelson aussi goguenard que du temps de ses films avec Wesley Snipes. Lui incarne le flic fouineur un peu beauf, qui s’est juré de prendre James Bond en flag. Ne manque plus qu’un paquebot de croisière, avec à son bord un gros diamant qui manque à la collection de l’as des as et le film peut commencer. Ratner fait du Brett Ratner, soit du gros divertissement bien carré. Pour lui, le cinéma, c’est pas compliqué : un champ un contrechamp, et la scène est pliée. Et cette grammaire binaire a logiquement deux conséquences : une sécheresse plutôt rassurante qui tend le film de bout en bout mais qui dans le même temps l’atrophie atrocement. Les palaces de nouveau-riches ou même les seins de Salma Hayek en restent au stade de l’illustration platounette.
Non, Ratner préfère le ping pong rabâché du buddy movie viril et rigolo. Dommage, car les dés sont pipés. La sauce ne prend pas entre les deux acteurs, chacun dans leur one man show respectif. Grand perdant, Harrelson est filmé sans recul, comme s’il était toujours en 1993. Et Brosnan est à nouveau tout seul, coincé dans son énième avatar de casse, que personne d’autre que lui n’aidera à sublimer. Au moins grâce à sa paresse désenchantée et féline, le film surnage par intermittences, laissant entrevoir un focus de sa condition artistique, défi impossible, aux limites de l’obsession qu’il se plaît toujours à foirer. D’ailleurs, Coup d’éclat est déjà loin pour Brosnan. Il planche sur une suite de Thomas Crown et un remake de Topkapi. Avec on l’espère, un vieux renard aux commandes.