On ne peut pas dire que Philippe Haïm ait emprunté le chemin le moins escarpé pour ses premiers pas de mise en scène au cinéma (on le connaissait jusqu’alors comme compositeur de B.O., celle de L’appât notamment). Le huis clos est un exercice hautement périlleux, et les maîtres du genre se comptent sur les doigts d’une main : Polanski, évidemment, avec les perles de terreur et d’ambiguïté que sont Le locataire, Répulsion, Rosemary’s baby…
On croit avoir compris que le cahier des charges du réalisateur était plutôt serré : mini-budget de 10 millions de francs, sept petites semaines de tournage… d’où le choix du huis clos. Un affrontement, sur le fil (du grotesque), entre un jeune dessinateur de BD et futur papa, séquestré par son voisin de palier, un vieil excentrique coincé entre sa Violette de femme (en plastique…) et le fantôme de Fred Astaire ! Sujet hyper-gonflé (et mise en scène ad hoc), que les scénaristes ont peureusement épuré de tous ses aspects les plus scabreux (la relation mixée père/fils, homo tendance pédophile, voire sado/maso, ça aurait pu donner quelque chose de bien glauque, quasi almodovarien, justement…). Du coup, on a affaire à un petit film pervers-pépère, un peu vain, un peu longuet et ridicule, mais formidablement interprété (Rochefort, grandiose, et une révélation, Guillaume Canet, épatant).