Pour bien entamer cette nouvelle année musicale, on (le chroniqueur) avait envie de soutenir le travail courageux du conglomérat Active / Clapping, en évoquant leurs dernières parutions. Si on s’abstiendra, déontologie obligée, de parler du passionnant et touffu (pardon pour cette entorse inopinée) Hello spiral d’Olamm (chroniqueur Chronic’art), on commencera par le premier album du trio féminin franco-nippo-russe The Konki Duet.
Ces demoiselles s’en vont braconner au paradis perdu, devenir petite fille, encore, plutôt que gris, et il y a de belles échappées fugaces (Ima wa mori no naka ni, A Sigmund Freud odissey, hanté par un spectre wyattien, troublante compagnie, Melody, qui lorgne du côté de Stephanie says du Velvet). Hélas, difficile de tenir sur la longueur ce rewind ; on aurait aimé entendre davantage ces voix fragiles et moins le violon, trop « mature », qui déséquilibre un morceau comme In the trees (redécouvrez la version aérienne parue sur la compilation Active / Suspension l’an passé), et certaines compositions, plus pesamment ironiques (Cindy) ou insuffisamment abouties (Do family) abîment l’ensemble. Disque ambigu, en bien comme en décevant ; mais on guettera la suite.
My Jazzy Child revient, après le prometteur Sada soul de l’an passé, avec I insist, disque encore plus intime et biscornu. Décidément la plus belle singularité de la nébuleuse AS / CM, Damien Mingus nous ouvre ses carnets, au travers de cette collection d’ébauches et fragments. Il y a tantôt une appréhension de l’espace très forte, dramaturgique, esquissé avec peu de choses (The Brand new testament), tantôt des ébauches pop brillantes (Special day, entre Young Marble Giants et Buddy Holly), et des trucs superflus (AS09 VS AS13). On a perpétuellement l’eau à la bouche, appréciant le potentiel immense qui réside çà et là, mais on reste en fin de compte sur notre faim, faute d’investir un édifice pleinement construit. Reste que cet homme, cette personne, ne triche pas, et le jour où il viendra avec un disque rempli de chansons patiemment arrangées et mûries, ce sera, souhaitons-le vivement, un classique.