Curieuse idée que la sortie d’une petite comédie sentimentale en pleine orgie cinématographique de rentrée, alors que le genre concorde traditionnellement avec les vacances d’été ou de Noël, période creuse idéale pour un public pleinement disposé à l’évasion et au romantisme sucré. Que La Plus belle victoire subisse ce décalage temporel joue forcément en sa défaveur, au moment même où sont annoncés certains des films cannois ou des blockbusters français les plus attendus. Pour sauver la mise, quelques grands succès des producteurs, tels Notting Hill, Bridget Jones ou Love actually, sont appelés au secours du film. Hélas, cruelle déception : la fraîcheur très british qui faisait le charme suranné de ces comédies a totalement disparu de La Plus belle victoire. Ne reste plus alors que la face paresseuse du genre, celle que les meilleurs cinéastes parviennent à dissimuler sous un vernis d’humour et de légèreté -ce qui n’est pas le cas de Richard Loncraine : une intrigue ringarde et simplette, où chaque ligne de dialogue semble avoir été empruntée à un roman de Bibliothèque rose. Soit, sur fond de compétition de tennis, l’amour contrarié et prévisible entre un tennisman anglais disputant son dernier tournoi à Wimbledon et une championne américaine.
A la décharge du réalisateur, le tennis est bien moins cinégénique que certains sports d’équipe, tels le football ou le base-ball, régulièrement mis à contribution par le cinéma américain. Contraint de s’enfermer dans un espace de jeu minuscule, réduit à l’observation d’un match ultra codifié entre deux individus (ce qui limite les possibilités en termes de personnages secondaires), Richard Loncraine, singulier routard hollywoodien auteur d’un unique grand film il y a plus de vingt ans (Le Cercle infernal), ne s’est pas beaucoup fatigué pour contourner les difficultés. Si sa manière de filmer les sportifs en pleine action pourrait satisfaire la campagne publicitaire des marques de baskets (dont certaines scènes semblent inspirées), impossible de vibrer plus de cinq minutes pour une compétition jouée d’avance, le suspense étant considérablement restreint quant à la possible défaite du héros. Heureusement courtes, les scènes de matchs sont encore les plus émouvantes du film, le reste n’ayant quasiment aucun intérêt, en tout cas pour le public français, sans doute assez hermétique aux sketchs stigmatisant les différences culturelles entre Anglais et Américains. Seule raison d’être de ce navet : le joli minois de Kirsten Dunst, à préférer cependant sans modération dans Spider-man.