Ce n’est clairement pas le come-back le plus attendu de l’année, mais voilà, Jean-Loup Hubert, roi du mélo champêtre (remember Le Grand Chemin, 1986), des belles histoires d’enfants perdus sur les routes de France (Après la guerre, 1989), des grands destins amoureux des lendemains de guerre (La Reine blanche, 1990), etc., Jean-Loup Hubert, donc, est de retour. Soit une certaine idée du ventre mou du cinéma de papa qui refait surface, sept ans après son dernier ouvrage, Marthe. Cinéma gentil, ringard, inoffensif, qui finalement nous intéresse peu ou pas. Il n’empêche que Trois petites filles intrigue (un peu) essentiellement du côté du casting qui réunit, attention les yeux, Gérard Jugnot et Adriana Karembeu, lesquels y forment un improbable couple d’amoureux.
On doit accorder à ce casting panache le bénéfice de l’audace, un refus du refus du grotesque qui se fait assez rare dans le cinéma français. Jugnot / Karembeu, paire magique que rejoignent en Corse trois adolescentes fugueuses qui ont quitté Paris pour mettre la main sur Johnny Depp et Vanessa Paradis, en vacances sur l’île de beauté. Et pourquoi ? Pour les alerter sur la situation de l’une d’entre elles (Sabrina Ouazani, la prodigieuse Fryda de L’Esquive d’Abdelatif Kechiche), que sa famille algérienne compte ramener au bled pour la marier avec un cousin inconnu. Echappée belle des trois lycéennes, recueillies en cours de route par la caravane aux draps roses de Gérard et Adriana, gogo danseuse nymphomane, à qui son mari laisse une totale liberté sexuelle.
On voit très vite où Hubert veut en venir, du côté de l’hymne à la liberté juvénile et du récit d’une odyssée initiatrice, thèmes qui semblent travailler la plupart des titres de sa filmographie. De fait, il n’y a pas grand-chose à reprocher au film, sinon sa très grande naïveté. Petite chose pas méchante, pas très fine lorsqu’elle s’aventure trop loin de ses bases, Trois petites filles travaille dans l’esprit d’un cinéma sûrement pas nécessaire, mais pas vraiment dérangeant non plus.