Une bande de copains passe un week-end dans une cabane perdue en montagne et contracte un virus foudroyant : belle et simple, l’idée n’en est cependant plus tellement une, usée jusqu’à la corde par le cinéma gore des années 70 où Romero, Craven et Hooper régnaient en maîtres absolus sur le genre. Moteur et fardeau de Cabin fever, qui revendique fièrement sa filiation mais peine à trouver son propre rythme. La longue, très longue exposition ne cache pas le trac du cinéaste Eli Roth d’en découdre personnellement avec son sujet. Jeunes nymphos s’ébattant dans un lac vaseux, gros dur de la bande mitraillant tout ce qui bouge, horde de pequenots sociopathes : message capté, dès la première seconde. Contre l’ambition mobilisée pour sublimer le tableau, la convention l’emporte.
D’où une alternance de tétanie et d’amorces, souvent des paraphrases des grands maîtres que Roth exécute comme autant de béquilles revigorantes. On y croit, on veut y croire, et le film finit par fonctionner sur deux, trois points : décorum terrifiant, ambiguïté malsaine des autochtones, un personnage qui sort du lot (le shérif) et un humour cravenien première période joliment recopié. Côté gore, le film exhibe avec profit son travail minutieux sur les maquillages et les effets spéciaux. Cadavres pourris dans la vase, écorchage progressif provoqué par le virus : le cinéaste se délecte à frotter l’ado pourri-gâté à l’ignominie la plus totale. Témoin cette scène choc où une blondinette délurée se transforme en zombie, les lèvres bouffées laissant apparaître le sourire naturellement ironique de ses mâchoires découvertes. Mais dans l’ensemble, le pétard reste mouillé. Roth a plus la trouille que le film n’en transmet, cale dans l’action pure, s’en remet au slasher qu’il se plaît pourtant à réfuter : sauvagerie toujours hors-champs, hystérie de superette des scènes de poursuite. Pas concluant, mais à suivre tout de même, le temps que le jeune cinéaste achève sa mue.