Un cinéaste-acteur qui termine ses films déguisé en banane géante mérite forcément qu’on s’intéresse à lui. On s’était penché sur le cas Odoutan, donc, à la faveur de son précédent film, Mama Aloko, séduisante virée bellevilloise sur fond de résistance aux lois du marché. Le film se terminait sur une sorte de bal populaire improvisé dans la rue et Odoutan, dans son costume de banane, dansait comme un fou. Le petit art du cinéaste franco-béninois trouvait là son point d’achèvement, davantage que dans ses précédentes (et anecdotiques) réalisations, telles que Barbecue Pejo : mélange de n’importe quoi et de trois fois rien, de mégalomanie indécrottable et d’argot joyeux, véritable fourre-tout artisanal. En clair, du cinéma ni fait ni à faire, mais qui tient la route en dépensant une folle énergie pour trois francs six sous.
La Valse des gros derrières, c’est un peu la même chose, mais sans le petit charme. Autant dire que c’est presque rien du tout, juste une carcasse sans vie. Contant les mésaventures d’une Africaine d’abord en quête de papiers, avant une carrière de « mannequin topless », obligée en attendant les podiums de tenir un salon de coiffure où elle affronte des petites frappes locales, le film s’égare très vite dans une mélasse de discours lourdingues sur la négritude. La gouaille popu remise au goût du jour par la petite foule bigarrée de Belleville laisse place à un triste et assommant esprit pseudo-pamphlétaire. Pour le reste, c’est du 100% Odoutan : montage aberrant, comédiens en roue libre, approximation totale de la moindre velléité de mise en scène. Ici, sans un minimum de légèreté et de grâce anarchique, il ne reste qu’un fatras de scènes sans idées, agencées entre elles sans le moindre effort ne serait-ce que de continuité narrative. Soit exactement l’inverse de Mama Aloko, qui tirait de son amateurisme, de son mépris absolu des règles élémentaires d’un film « normal », un carburant inépuisable et réjouissant.