Débuts internationaux feutrés pour Jacob Young, jeune guitariste (il est né en 1970) issu d’un vivier norvégien dont on n’en finit plus de vanter la richesse : à la tête d’un quintet original, il confirme un talent de compositeur et d’instrumentiste forgé au contact de piliers de la scène scandinave (sur ses trois premiers albums jouaient entre autres Nils Petter Molvaer, Arve Henriksen et Christian Wallumrød), notamment au sein de la formation de l’excellent Tryvge Seim, avec laquelle il fit les belles soirées du « Ba Club » d’Oslo. Ancien élève de John Abercrombie à New York, Young a surtout bénéficié de l’enseignement du grand Jim Hall à la New School for Jazz & Contemporary Music : du maître américain, il a hérité la douce rondeur d’une sonorité étouffée et, sans doute, un don prononcé pour la composition. Monté voici deux ans, son quintet trans-générationnel (le trompettiste Matthias Eick a récemment soufflé ses 24 bougies, le batteur Jon Christensen, légende vivante du label munichois, entre dans sa septième décennie) propose une musique lyrique et éthérée, pleinement ancrée dans une esthétique ECM dont les inconditionnels retrouveront tous les caractères : langueur vaporeuse des textures, tempo sans ancrage, tentations planantes, perfection de la prise de son. « La plupart des compositions sont résolument lyriques, explique Jacob Young, qui signe toutes les partitions de l’album : ce sont des chansons. Mais en même temps, c’est indiscutablement du jazz, avec beaucoup d’espace laissé à l’improvisation et à l’interaction mélodique ». Sur des mélodies indubitablement réussies, Eick (lointain descendant d’un Kenny Wheeler), Vidar Johansen (clarinette basse, dont la chaleur boisée confère une touche particulière aux arrangements), Mats Eilertsen (basse) et John Christensen (batterie) installent un climat chaleureux et envoûtant, où richesse et surprises sont à chercher dans les replis et détails ; si l’immense Christensen illumine et dynamise le disque par son jeu de batterie reconnaissable et sans cesse inattendu, Young lui-même s’efface peut-être trop derrière un groupe qu’il mène sans jamais le dominer, au risque du retrait. Ses introductions délicates à la guitare sèche, qui évoquent l’art consommé d’un Ralph Towner, laissent attendre une présence plus explicite. La trompette de Matthias Eick occupe admirablement l’espace ainsi libéré, discrètement secondée par la clarinette. Légers déséquilibres qui n’altèrent en rien le charme profond d’un album on ne peut plus prometteur.
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